(Actualisé avec mises en examen des deux responsables de la colonie)

TOULOUSE, 11 août (Reuters) - Les deux responsables de la colonie de vacances non autorisées de Saint-Julien-de-Peyrolas (Gard) évacuée jeudi sur fond de montée des eaux, ont été mis en examen, a annoncé samedi à la presse le procureur de la République de Nîmes, Eric Maurel.

Ces deux ressortissants allemands, respectivement président et le vice-président de l’association Jugerdforderung Saint-Antonius, propriétaire du terrain privé qui accueillait la colonie de vacances, ont été mis en examen des chefs de "blessures involontaires" aggravées par "la mise en danger de la vie d'autrui" et "création d'un camping sans permis d'aménager", a-t-il précisé.

Les deux hommes ont été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre dans le Gard sauf pour rencontrer leur avocat et répondre aux convocations de la justice, a ajouté Eric Maurel.

En garde à vue depuis vendredi, ils ont été présentés samedi devant un juge d'instruction après l'ouverture d'une information judiciaire et ont l'obligation de "procéder à l'enlèvement de leurs biens et matériels sous quinze jours", a précisé le parquet.

La colonie de vacances avait dû être évacuée jeudi 9 août en raison de la montée des eaux de la rivière Ardèche et d'un ruisseau proche, le Valat d'Aiguèze qui ont dévasté tentes, caravanes et installations.

Elle accueillait alors 138 enfants - dont neuf ont été légèrement blessés ce jour-là selon Eric Maurel - et 46 adultes, dont un sexagénaire toujours porté disparu et pour lequel un appel à témoin a été lancé par la gendarmerie du Gard.

UN SEXAGÉNAIRE TOUJOURS PORTÉ DISPARU

Cet Allemand de 66 ans, qui participait vraisemblablement à l’encadrement de la colonie de vacances selon le parquet, se trouvait sur le site lors de la montée des eaux.

L'association allemande, basée à Leverkusen, avait acquis en 2006 l'aire naturelle de Planjole, un terrain de camping non homologué par des services préfectoraux, a précisé la préfecture du Gard.

Un litige l'oppose depuis plusieurs années à la mairie de Saint-Julien-de-Peyrolas qui lui reproche de ne pas respecter les règles d'urbanisme après la construction de plusieurs bâtiments sans autorisation.

"Nous avons la certitude désormais que le camping est bien classé en zone inondable et que le maire avait alerté à plusieurs reprises les responsables du classement de ce terrain et du danger que cela représentait", a déclaré le procureur de la République de Nîmes, Eric Maurel.

"Le jour même des faits, le maire avait de nouveau alerté les responsables en leur signalant le danger immédiat et pour autant ils n'ont pas évacué contrairement aux autres campings à proximité (…) Pour moi, il y a donc une faute caractérisée et les intéressés ont reconnu qu'ils avaient conscience du danger et pourtant ils n'ont pas évacué", a-t-il ajouté.

Après avoir été accueillis dans un centre provisoire d'hébergement, les jeunes Allemands qui séjournaient dans la colonie de vacances ont quitté la France dans la nuit de vendredi à samedi. (Johanna Decorse, édité par Myriam Rivet)