Si l'on peut aujourd'hui se risquer à tirer, avec prudence et modestie, un des premiers enseignements de cette crise, c'est bien celui de mettre en avant les systèmes économiques qui sont entrés diversifiés dans la crise. Cette diversification est double, verticale et horizontale : verticale entre grands groupes et PME, ces dernières devant, dans la mesure du possible, éviter une dépendance de sous-traitance totale ; horizontale entre secteurs industriels diversifiés et si possible internationalisés, pôles agro-alimentaires et services.

Un vieux proverbe, bien adapté à la sagesse boursière, résume cela : « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ». Il est aujourd'hui d'une redoutable actualité.

Les pays en effet qui s'appuient sur une base industrielle solide, diversifiée, internationalisée et innovante sont les mieux placés pour bénéficier d'une reprise franche : à l'exemple de l'Allemagne et ces près de 400 000 PME exportatrices et/ou leader de niches. La France connaît ses faiblesses : grosso modo 200 000 PME exportatrices pour 300 000 en Italie à titre de comparaison entre « pays du Sud » ! La France pousse fort pour monter en gamme du côté des PME à l'international : pôles de compétitivité générant des externalités positives de connaissance et d'innovation, formation universitaire encouragée de type PME et activités internationales, réindustrialisation en cours mais compliquée, soutien à la recherche et aux montages de projets européens, ...

Cette attitude de réindustrialisation et de diversification est la bonne, à la fois pour offrir une diversité d'emplois et de trajectoires professionnelles à une population exigeante et remuante, mais aussi pour amortir les chocs et enclencher des stabilisateurs intersectoriels. Sans parler du rôle structurant de l'industrie - filières jusqu'aux écoles d'ingénieurs et de techniciens - à l'image de l'essor du secteur ferroviaire au XIXème siècle.

A ce sujet, un débat agite le microcosme des économistes sur l'opportunité « d'abandonner » lentement le secteur industriel, qui se délocalise, et d'achever une spécialisation sur le secteur tertiaire qui représente près de 75 % des emplois. Prudence ! Là encore, la synergie industrie - service doit être préservée et les pays qui ont rompu ce subtil lien en subissent, semble-t-il, les conséquences aujourd'hui.

Prenons le cas de l'économie britannique, caractérisée ces vingt dernières années par un recul industriel au profit d'une mono-spécialisation sur les services financiers autour de la City. Il y a tout lieu de penser que l'heure est, chez nos voisins d'Outre-manche, au questionnement sur une réactivation industrielle et l'on peut faire dès à présent confiance au pragmatisme anglais pour nous faire renaître quelques fleurons, du côté de l'automobile, du cycle ou du nautisme. La question se pose plutôt de savoir si les anglais franchiront la Manche et adopteront une position interventionniste à la française ou feront confiance au marché ! Il faut reconnaître, dans l'histoire économique, une réelle noblesse à cette attitude non interventionniste du Royaume-Uni ancrée dans une posture d'ouverture totale mais bien valorisée de la propriété des entreprises. Du côté français, cette question est très sensible quitte à se frotter aux forces de rappel du marché.

Une tentative de synthèse ? Dans les services comme dans les secteurs industriels : innovons ! Et puis, avec ce foisonnement de PME à évaluer dans tout un ensemble de secteurs, c'est autant de bonnes pépites à identifier, découvrir et valoriser !

Laurent Guihéry