(Actualisé avec bilan revu à la baisse par l'OIM)

GENEVE/BRUXELLES, 10 août (Reuters) - Dix-neuf Somaliens et Ethiopiens ont probablement péri noyés au large du Yémen jeudi lorsqu'un passeur de migrants a forcé les 180 passagers de son embarcation à se jeter à la mer, rapporte l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Cette dernière avait dans un premier temps évoqué un bilan de 55 morts.

Il s'agit du second incident du genre signalé par l'OIM en deux jours au large des côtes sud du Yémen, dans la province de Shaboua. Une cinquantaine de jeunes Somaliens et Ethiopiens ont été "délibérément noyés" aux premières heures de mercredi lorsqu'un passeur de migrants a contraint 120 passagers de son embarcation à se jeter à la mer à l'approche du littoral yéménite.

Vingt-neuf cadavres se sont échoués mercredi sur les côtes tandis que 27 personnes sont parvenues à rejoindre le rivage sains et saufs. "Ils sont choqués, épuisés et vraiment désespérés", a commenté Laurent de Boeck, chef la mission de l'OIM au Yémen.

"Les passeurs ont paniqué. Au fond, ils poursuivent leurs activités en tuant des gens", a-t-il ajouté, reconnaissant que le renforcement des contrôles navals le long des côtes pouvait avoir des effets désastreux.

Des représentants de l'OIM ont pu s'entretenir avec 25 des survivants, dont beaucoup nécessitaient une assistance médicale et des conseils pour les soutenir. "Ces gens sont très maigres. Il y a une sécheresse en Somalie et en Ethiopie. Beaucoup n'avaient pas assez de force pour rejoindre vivants le rivage", a souligné Olivia Hedon.

Le Yémen est depuis plus de deux ans un pays en guerre mais des Africains essaient de l'atteindre par la mer dans l'espoir de rejoindre ensuite un riche pays du Golfe.

L'OIM estime qu'environ 55.000 migrants ont quitté la Corne de l'Afrique pour le Yémen depuis le début de l'année. La traversée est particulièrement périlleuse en cette période de l'année marquée par des vents puissants dans l'océan Indien. (Stephanie Nebehay à Genève et Charlotte Steenackers à Bruxelles; Gilles Trequesser, Pierre Sérisier et Bertrand Boucey pour le service français)