par Steve Holland

MANCHESTER, New Hampshire, 7 janvier (Reuters) - Les candidats républicains affûtent de nouveaux leurs arguments à quelques heures d'un double débat entre les six principaux prétendants à l'investiture du Grand Old Party et à trois jours des primaires du New Hampshire.

Après deux semaines de campagne de terrain passées à sillonner les routes et les petits commerces à la rencontre des électeurs d'Iowa, puis du New Hampshire, les candidats, désormais un peu moins nombreux après le retrait de Michele Bachmann, retrouveront leurs pupitres de débat à deux reprises en l'espace de douze heures.

La première rencontre aura lieu samedi soir et sera retransmise sur la chaîne ABC, tandis que la seconde, dimanche matin, sera organisée dans l'émission "Meet The Press" sur NBC.

Elles représentent la dernière occasion pour les candidats de convaincre un grand nombre d'électeurs avant les primaires du New Hampshire.

"Les débats sont pour eux une occasion d'être vus par des dizaines de milliers d'électeurs. Ils sont d'une importance capitale", a souligné Fergus Cullen, ancien président du Parti républicain du New Hampshire.

Ces deux débats représenteront pour l'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich une occasion de relancer sa candidature, en grande difficulté depuis que les campagnes négatives se sont multipliées contre lui ces dernières semaines.

Le chrétien fondamentaliste Rick Santorum, qui se plaignait lors des précédents débats qu'on ne lui pose pas assez de questions, verra son voeu exaucé après son fort résultat aux "caucus" de l'Iowa, où il n'a concédé la victoire à Mitt Romney qu'à huit voix près.

Désormais au premier plan, il ne manquera probablement pas d'être interrogé sur ses positions sociales très conservatrices et son bilan lorsqu'il était sénateur de Pennsylvanie.

TOUS CONTRE ROMNEY

A l'approche des débats, Santorum a choisi d'attaquer plus particulièrement les réformes de santé adoptées par Romney lorsqu'il était gouverneur du Massachusetts et qui, selon lui, prouvent sa similarité avec le président démocrate Barack Obama.

"C'est pourquoi le New Hampshire ne doit pas faillir. Ils doivent se lever et faire preuve de courage. Nous avons besoin d'un contraste clair, de quelqu'un qui soit en mesure de présenter une vision radicalement différente", a-t-il argumenté lors d'un meeting à Dublin, dans le New Hampshire.

Les autres candidats -Ron Paul, Rick Perry et Jon Huntsman- devraient également choisir de se concentrer sur la critique de Mitt Romney, vainqueur en Iowa et grandissime favori dans le New Hampshire à en croire les sondages.

Pour ce dernier, le principal enjeu des débats est de ne pas commettre d'erreur qui entamerait son avantage. L'ancien sénateur du Massachusetts a prévenu ses partisans de ne pas tomber dans l'excès de confiance.

"Laissez-moi vous dire que ces sondages peuvent s'évaporer du jour au lendemain", a mis en garde vendredi soir lors d'une halte dans un restaurant de spaghettis à Laconia durant laquelle il a également appelé les électeurs à lui donner "une marge de plus de huit voix, si possible".

Avec une grande avance dans le New Hampshire puis une victoire en Caroline du Sud le 21 janvier, Mitt Romney dominerait très largement le processus de sélection du candidat qui affrontera Barack Obama lors de la présidentielle du 6 novembre.

Soucieux d'apparaître comme le plus crédible et le plus légitime, il devrait concentrer ses efforts sur la critique de la politique de l'actuel président et sur la présentation de ses idées sur les créations d'emplois.

"Lui et son équipe de campagne savent bien que les attaques vont se multiplier. Je pense qu'il sera prêt", a estimé Phil Musser, stratège républicain et partisan de Romney.

HUNTSMAN EN EMBUSCADE

Pour Jon Huntsman, qui a concentré ses efforts sur le New Hampshire et mise sur un bon score pour véritablement lancer une campagne jusqu'à présent discrète, les débats du week-end pourraient représenter l'occasion de la dernière chance.

L'ex-gouverneur de l'Utah et ancien ambassadeur en Chine se classe en quatrième position dans les intentions de vote au New Hampshire, après Mitt Romney, Ron Paul et Newt Gingrich, à qui il espère ravir la troisième place.

Huntsman et sa famille ont exprimé vendredi leur colère après la diffusion d'un clip ciblant ses filles adoptives et payé par un groupe soutenant Ron Paul.

Deux des filles de Huntsman ont été adoptées, l'une en Chine et l'autre en Inde, après avoir été abandonnées peu après leur naissance.

Dans le clip, une voix off met en doute les valeurs américaines de Huntsman en le qualifiant de "candidat mandchou", avec un photomontage superposant son visage sur un portrait de Mao Zedong.

Cindy McCain, l'épouse du candidat républicain à l'élection 2008, John McCain, a pris la défense de Huntsman sur Twitter, en évoquant "un retour du parfum de 2000".

Lors des primaires républicaines de 2000, John McCain avait été attaqué dans des appels téléphoniques automatisés aux électeurs via des références voilées à l'une de ses filles, adoptée au Bangladesh.

Ron Paul s'est défendu d'avoir quoi que ce soit à voir avec la vidéo ciblant Huntsman, qu'il a désavouée, affirmant ne pas pouvoir contrôler les actes de ses partisans.

Newt Gingrich, déçu par sa quatrième place en Iowa, s'est quant à lui focalisé sur Mitt Romney, qu'il accuse d'être un "modéré timoré du Massachusetts".

Le débat de samedi soir débute à 21h00 locales (02h00 GMT dimanche). Celui de dimanche aura lieu à 09h00 locales (14h00 GMT dimanche). (Avec Sam Yougman, Jason McLure et Ros Krasny, Gregory Schwartz pour le service français)