* EDF payera E700 millions pour porter sa part dans Edison de 50% à 81%

* La transaction valorise Edison à 0,84 euro par action

* EDF lancera une offre publique obligatoire sur les minoritaires

* L'acquisition conditionnée au feu vert de la Consob sur le prix

* L'accord met fin à six années de rebondissements (Actualisé avec communiqué d'A2A)

par Julien Ponthus et Alexandre Boksenbaum-Granier

PARIS, 27 décembre (Reuters) - EDF est finalement parvenu à un accord pour prendre le contrôle d'Edison , mais au prix de la cession d'Edipower, considéré par certains analystes comme la pépite du numéro deux italien de l'électricité.

La transaction annoncée mardi devrait marquer la fin de près de dix années d'efforts de la part de l'électricien français pour mettre la main sur son concurrent italien, une saga qui a marqué l'histoire du capitalisme transalpin et généré bien des frictions entre les deux pays.

"C'est enfin la fin du feuilleton. C'est donc plutôt une bonne nouvelle", a réagi John Honore, analyste de la Société générale.

EDF a accepté de payer 700 millions d'euros pour porter à 80,7%, contre 50% environ actuellement, sa participation dans Edison, dont la capitalisation est d'environ quatre milliards d'euros.

L'action Edison est ainsi valorisée à 0,84 euro. EDF devra se résoudre à lancer une offre publique obligatoire pour le rachat des minoritaires, dont environ 10% détenus par Carlo Tassara, la holding de l'homme d'affaires Romain Zaleski. Mais il a posé comme condition que les autorités boursières italiennes (Consob) ne réclament pas un prix supérieur à 0,84 euro par action pour cette phase de l'opération.

En contrepartie, l'accord préliminaire prévoit qu'Edipower, dont EDF avait précédemment proposé qu'Edison prenne le plein contrôle, passera totalement aux mains des actuels actionnaires de référence italiens d'Edison, conduits par le groupe régional de services aux collectivités A2A.

En outre, Edison s'engage à fournir du gaz à Edipower à des conditions de marché pour un volume au moins égal à 50% des besoins pour les six prochaines années.

EDIPOWER, CONDITION DES ITALIENS

"Ils ont fait une concession sur Edipower, mais c'était la condition fixée par les Italiens. Le prix et les conditions sont conformes à ce qui était attendu", a commenté un autre analyste, basé à Paris.

Le directeur financier d'EDF a tenu à relativiser la portée de cette concession.

"Edison détient aujourd'hui une participation de 50% dans Edipower, cete participation représente environ moins de 10% de l'Ebitda attendu en 2012 d'Edison", a déclaré Thomas Piquemal lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

Surtout, cette transaction permettra de réduire la dette d'Edison de 1,1 milliard d'euros, un renforcement de son bilan qui devrait rassurer les agences de notation, a-t-il ajouté.

Les agences Standard & Poor's et Fitch ont abaissé ce mois-ci les notes de crédit d'Edison, la première invoquant notamment une fragilisation des résultats et la deuxième la faiblesse des liquidités disponibles dans un contexte d'interminables négociations.

La dette d'Edison, dont les marges ont été affectées par la baisse des prix du gaz et de l'électricité, devait atteindre 3,9 milliards d'euros à la fin de cette année.

Thomas Piquemal a refusé de se prononcer sur l'hypothèse d'une augmentation de capital pour Edison, comme cela avait été suggéré la semaine dernière de source proche du dossier, mais sans pour autant l'exclure formellement.

En Bourse, alors que l'accord a été annoncé en pleine trêve des confiseurs, l'action EDF avait effacé ses gains de la matinée vers 15h30 et cédait 0,5% à 18,32 euros à Paris, tandis qu'à Milan le titre Edison perdait 1,38% à 0,82 euro.

INCURSIONS FRANÇAISES

EDF est entré officiellement au capital d'Edison en 2005, et n'a eu de cesse d'en prendre le contrôle, une offensive longtemps repoussée avec succès par les actionnaires italiens soutenus par leur gouvernement.

Le ministre italien de l'Industrie Corrado Passera avait rencontré jeudi dernier le PDG d'EDF Henri Proglio pour évoquer la restructuration d'Edison, Rome accentuant ses efforts pour protéger les actionnaires italiens du groupe.

D'autant que l'Italie avait déjà par deux fois cette année assisté à des incursions françaises dans le capital de ses entreprises, avec la prise de contrôle de Parmalat par le groupe laitier Lactalis et le rachat de Bulgari par le groupe de luxe LVMH.

Pour EDF, Edison est un enjeu stratégique, particulièrement à la lumière de la réflexion en cours sur l'énergie nucléaire en Europe. Le groupe français veut en faire sa plate-forme de développement dans l'amont gazier et entend lui permettre de se développer dans le bassin méditerranéen dans le domaine de la production thermique et hydraulique.

Concrètement, EDF va acquérir les 50% qui lui manquaient dans une société holding - Transalpina di Energia - qui détient 61,3% d'Edison. Cela lui permettra de porter sa participation totale dans Edison à 80,7%, avant de lancer dans un deuxième temps une offre publique obligatoire sur le solde du capital.

EDF a d'ores et déjà indiqué qu'il souhaitait conserver Edison en Bourse.

Séparément, la holding Delmi, qui regroupe A2A et d'autres groupes régionaux italiens, va acquérir respectivement 50% et 20% d'Edipower auprès d'Edison et de la société suisse Alpiq , pour un montant total de 800 millions d'euros.

A2A a dit prévoir de finaliser d'ici la fin juin 2012 la réorganisation du capital d'Edison conclue avec EDF.

"L'accord sera soumis à l'approbation des conseils d'administration d'A2A, d'EDF, de Delmi et d'Edison d'ici au 31 janvier 2012", a précisé A2A dans un communiqué commun avec Delmi.

L'intégration d'A2A et d'Edipower donnera naissance au deuxième plus grand groupe italien de production d'électricité, avec une capacité installée de l'ordre de 10.000 mégawatts, ont par la suite souligné les dirigeants d'A2A, se disant "très satisfaits de l'issue des négociations".

* Le communiqué d'EDF :

http://link.reuters.com/pyk75s

* Schéma de l'actionnariat actuel d'Edison :

http://graphics.thomsonreuters.com/11/02/EZ_EDIS0211_VF.gif

* Graphiques des montants et échéances des obligations en circulation d'Edison :

http://r.reuters.com/wyk75s

* Graphiques de l'évolution des CDS à 5 ans d'EDF et Edison :

http://r.reuters.com/zyk75s (Avec Caroline Jacobs, édité par Dominique Rodriguez)

Valeurs citées dans l'article : A2A SpA, Alpiq Holding AG, EDF, Edison SpA