(.)

par Richard Cowan et Susan Heavey

WASHINGTON, 5 janvier (Reuters) - Aucun signe de progrès n'a émergé vendredi d'une réunion organisée à la Maison blanche pour tenter de trouver une issue au blocage partiel des administrations fédérales aux Etats-Unis en vigueur depuis 14 jours.

Une nouvelle tentative de conciliation avec des responsables de la Maison blanche et du Sénat est prévue samedi à 11 heures locales (16h00 GMT).

La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a évoqué une "longue conversation par moments houleuse" avec le président américain, qui a au contraire parlé d'une réunion "très productive".

"Nous avons dit au président qu'il fallait rouvrir le gouvernement", a déclaré le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer. "Il a résisté. Il a même dit qu'il maintiendrait la fermeture du gouvernement pendant une très longue période, des mois voire des années."

"Absolument, j'ai dit ça. Je ne pense pas que cela se produira mais j'y suis préparé", a confirmé par la suite Donald Trump. "J'espère que cela ne se prolongera même pas au-delà de quelques jours. Cela pourrait rouvrir très vite."

Le président américain a également menacé d'invoquer une urgence nationale pour construire un mur à la frontière avec le Mexique sans l'aval du Congrès, ce qui pourrait se heurter à des recours en justice, car seuls les parlementaires sont habilités à financer le gouvernement fédéral selon la Constitution.

"Nous pouvons invoquer une urgence nationale pour la sécurité de notre pays, absolument", a déclaré Trump.

Le chef de la Maison blanche a indiqué que son vice-président Mike Pence organiserait des réunions au cours du week-end sur la sécurité des frontières, sujet à l'origine de ce troisième blocage de l'administration depuis le début de la présidence Trump. Le gendre et conseiller du président, Jared Kushner, participera à ces discussions.

Depuis le 22 décembre, quelque 800.000 employés fédéraux, soit un quart des agents des services publics, ne sont plus payés. Certaines administrations ont été fermées; pour les autres, les employés toucheront leur salaire avec retard.

Ce "shutdown" a été déclenché par le président républicain qui réclame des financements nécessaires à la construction du mur qu'il veut ériger le long de la frontière mexicaine.

Trump, qui demande une enveloppe budgétaire de cinq milliards de dollars (4,4 milliards d'euros), présente ce mur comme un élément-clé de sa stratégie de lutte contre l'immigration clandestine et le trafic de drogue.

"UNE VIEILLE FAÇON DE PENSER"

Dans une lettre adressée vendredi à tous les élus du Congrès, il insiste sur "la nécessité de sécuriser nos frontières", a rapporté la Maison blanche. "Un mur ou une barrière physique qui empêche avant toute chose l'entrée est absolument crucial pour la sécurité de notre frontière et la sécurité nationale", y écrit-il.

Mais les démocrates, désormais majoritaires à la Chambre des représentants, rejettent sa vision. "Nous ne ferons pas de mur. Cela n'a rien à voir avec la politique; un mur entre deux pays est immoral. Il s'agit d'une vieille façon de penser", a déclaré jeudi soir Nancy Pelosi après son élection à la présidence de la Chambre des représentants, un poste qu'elle avait déjà occupé entre 2007 et 2011.

"Nous sommes d'accord, côté démocrate, pour dire que nous ne pourrons vraiment pas résoudre cette question (de la sécurité aux frontières) tant que le gouvernement n'aura pas rouvert. Nous l'avons dit très clairement au président, a-t-elle expliqué vendredi à l'issue de la réunion avec Trump.

"NE PERDONS PAS DE TEMPS"

Dans une de ses premières décisions, la nouvelle Chambre des représentants issue des élections de mi-mandat de novembre dernier a approuvé jeudi soir un texte visant à sortir du "shutdown" sans inclure les fonds réclamés par Trump.

Un peu plus tôt dans la journée, la Maison blanche avait averti qu'un veto pourrait être opposé au texte et le chef de file de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, prévenu que le Sénat - où les républicains ont conforté leur contrôle - n'accepterait aucune proposition qui ne serait pas conforme aux voeux de Trump.

"Ne perdons pas de temps (...) alors que les démocrates de la Chambre utilisent leur estrade pour faire des déclarations politiques plutôt que proposer des solutions sérieuses", a-t-il dit.

Un sondage Reuters/Ipsos indiquait la semaine dernière que 50% des personnes interrogées impute à Trump la responsabilité du "shutdown" contre 32% estimant qu'elle incombe aux parlementaires démocrates et 7% aux élus républicains. (Richard Cowan et Eric Beech; Jean Terzian, Henri-Pierre André, Jean-Stéphane Brosse et Arthur Connan pour le service français)