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par Angus Berwick et Sonya Dowsett

BARCELONE/MADRID, 21 décembre (Reuters) - Les Catalans élisent jeudi un nouveau Parlement à la faveur d'un scrutin dont le pouvoir central espagnol espère qu'il affaiblira le poids des partis favorables à l'indépendance et mettra fin à leur campagne pour une séparation à marche forcée.

Les derniers sondages donnent séparatistes et unionistes au coude-à-coude. Aucun des six partis du Parlement sortant, dont les sensibilités vont de la gauche séparatiste marxiste à la droite du Parti populaire (PP) du chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, ne devrait être en mesure d'obtenir à lui seul la majorité absolue (68 sièges).

Ces élections régionales anticipées ont été voulues par Mariano Rajoy, pour, selon son expression, rétablir la "normalité" en Catalogne. Le président du gouvernement espagnol a dit espérer qu'elles permettent de mettre en place un gouvernement régional favorable au maintien de la région la plus riche d'Espagne au sein de la nation espagnole.

C'est Mariano Rajoy qui avait lui-même annoncé la tenue de ce scrutin fin octobre, en même temps que la dissolution du Parlement sortant et la destitution de l'exécutif autonome de Catalogne, sanctionnés pour avoir tenu, le 1er octobre dernier, un référendum, déclaré inconstitutionnel, sur l'indépendance.

Les séparatistes ont fait campagne alors que leurs dirigeants sont sous le coup d'enquêtes judiciaires pour le rôle qu'ils ont joué dans le référendum du 1er octobre. Certains ont fait campagne depuis le lieu où ils sont en détention provisoire. Le président destitué de Catalogne, Carles Puigdemont, a fait campagne de Bruxelles où il s'est exilé.

Au total, 5,5 millions de Catalans sont appelés aux urnes dans 2.680 bureaux de vote qui seront ouverts entre 08h00 GMT et 19h00 GMT.

Les Catalans se disent très concernés par ce scrutin, considéré comme un référendum sur le degré de soutien dont bénéficient les indépendantistes depuis la mise de la région sous administration directe du pouvoir central. La participation est attendue à une niveau record, autour de 80%.

TON PLUS CONCILIANT

Le paysage politique étant morcelé, la négociation d'alliances pour permettre la constitution d'un gouvernement devrait prendre plusieurs semaines. Elles devraient être enclenchées après les fêtes de fin d'année,

Le Parti démocrate européen catalan (PDeCAT) de Carles Puigdemont, et la Gauche républicaine de Catalogne (Esguerra Republicana de Catalunya, ERC) n'ont pas réussi à reconstituer le front uni qui leur avait permis de conquérir le pouvoir aux précédentes élections régionales en 2015 et vont séparément aux urnes.

ERC, dont le chef et ancien adjoint de Carles Puigdemont, Oriol Junqueras, est en détention provisoire, devrait devenir le parti indépendantiste le plus important au Parlement régional, selon certains sondages. Il serait au coude-à-coude avec Ciudadanos, unioniste. D'après les derniers sondages publiés vendredi dernier, Ciudadanos obtiendrait 25,2% des suffrages exprimés et l'ERC 23,1%.

Selon une analyse publiée par le quotidien El Pais de mardi, le scénario le plus probable devrait voir les séparatistes obtenir une majorité avec le soutien ou l'abstention du représentant local du parti anti-austérité Podemos.

Podemos est favorable à l'unité de l'Espagne mais estime que les Catalans ont le droit de se prononcer sur leur avenir par un référendum autorisé par Madrid. Podemos souhaite une alliance de partis de gauche dont certains sont indépendantistes et d'autres non.

Oriol Junqueras, qui a fait campagne de la prison où il est incarcéré dans la banlieue de Madrid, a lui-même adopté un ton plus conciliant envers Madrid ces derniers temps.

"Je peux vous assurer que nous sommes des démocrates avant d'être des séparatistes et que la fin (obtenir l'indépendance) ne justifie pas toujours les moyens", a-t-il dit dans une interview à Reuters à laquelle il a répondu par écrit lundi.

Lors de récents rassemblements, de nombreux partisans de la sécession ont paru reconnaître qu'obtenir l'indépendance sans le consentement de l'Espagne n'était plus le but recherché.

Ayant mis de côté l'idée d'une initiative unilatérale, ils seraient favorables à des discussions avec Madrid pour négocier une sécession avec l'approbation de l'Union européenne. (Gilles Trequesser et Danielle Rouquié pour le service français)