LONDRES, 29 octobre (Reuters) - L'épidémie de poliomyélite en Syrie, dont l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé l'existence mardi, rappelle des recrudescences observées dans le cadre d'autres conflits, au Soudan ou en Colombie.

Provoquée par un virus transmis par l'eau et la nourriture, la maladie peut très rapidement se propager au sein d'enfants, en particulier dans les conditions insalubres dans lesquelles vivent les personnes déplacées en Syrie ou dans les camps de réfugiés des pays voisins. (voir

Les organisations de défense de la santé craignent que les récentes épidémies au Pakistan ou en Somalie empêchent la réussite d'une vaste campagne d'éradication lancée sous l'égide de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et qui a déjà permis de réduire de 99,9% le nombre de cas dans le monde à 223 en 2012, contre 350.000 en 1985.

En Somalie, le virus, absent depuis six ans, est par exemple réapparu en profitant de l'incapacité des campagnes publiques de santé d'atteindre certaines régions sur lesquelles le gouvernement n'exerce pas son contrôle.

"C'est très dur d'atteindre les populations nomades (...) même dans des circonstances normales", explique John Rhodes, spécialiste en immunologie et en vaccination. "Alors, quand il y a un conflit et que certaines régions sont interdites aux équipes de vaccination, cela devient effectivement très difficiles."

Pour autant, certains experts refusent d'être défaitistes face à l'objectif affiché par la campagne internationale d'éradication, qui compte faire disparaître la poliomyélite d'ici 2018.

"Même dans un endroit comme la Syrie, où l'on peut voir de plus en plus de luttes intestines, ce n'est pas impossible", estime Siddharth Chatterjee, spécialiste de la poliomyélite, lui-même victime de la maladie dans son enfance.

"Nous l'avons fait au Darfour, nous l'avons fait dans d'autres parties du Soudan", ajoute-t-il. "Un conflit présente bien sûr des difficultés supplémentaires, mais elles ne sont pas impossibles à dépasser." (Kate Kelland, avec Stephanie Nebehay à Genève; Julien Dury pour le service français)