"(Easybourse.com)Quel est le rôle du CNC dans le processus d'agrément des Sofica ?
Le dispositif des Sofica est sous une sorte de double tutelle, à la fois le ministère du Budget et le CNC (Centre national de la cinématographie).
Le CNC demande aux différents porteurs de projets de soumettre un projet de Sofica fin juin début juillet. On examine les différents projets pendant l'été. Puis en septembre-octobre, on propose une répartition de l'enveloppe au ministère du Budget qui décide des agréments et de la répartition de l'enveloppe, sachant que le budget prévoit depuis quelques temps une enveloppe de 63 millions d'euros à répartir entre les sociétés agréées. La Sofica a jusqu'à la fin du mois de décembre pour placer auprès des particuliers.

Quels sont les critères que vous examinez plus particulièrement dans les dossiers de candidature des Sofica ?
Il existe une charte des Sofica, signée par toutes les sociétés qui sont agréées et celles qui veulent l'être, qui rassemble les engagements que nous demandons aux sociétés de prendre sur les investissements qu'elles vont faire une fois agréées.
Ces critères portent sur la nature des investissements : nous souhaitons que la Sofica investisse dans des films à petit ou à moyen budget (les films à moins de 8 millions d'euros de budget), sachant que ce qu'on appelle les films «du milieu» ont plus de difficultés à se financer que les gros films ou les tout petits films.
Le CNC privilégie aussi les investissements dans les premiers et deuxièmes films d'un réalisateur.
Nous faisons également en sorte qu'il y ait une diversification des modèles de Sofica, car certaines s'adossent à des sociétés pour se garantir. Nous essayons de limiter le cumul des croisements d'intérêts.
D'autre part, nous nous assurons que la gestion est faite correctement, que les frais de gestion ne sont pas trop importants, que la collecte est bien placée aussi dans son intégralité. Nous nous assurons également que les Sofica font font leurs investissements en année N+1, la Sofica ayant un an pour réaliser ses investissements dans des productions cinématographiques et audiovisuelles.

Quels rôles joue le CNC durant la période de souscription et après ?
Durant la période de souscription, nous faisons un point toutes les semaines pour nous assurer que toute l'enveloppe sera placée. Nous restons en contact avec les Sofica qui ont été retenues pour faire le point. Une fois que tout est placé, nous surveillons les investissements dans les œuvres. Le CNC voit passer tous les dossiers de toutes les œuvres qui demandent à être financées par une Sofica, donc nous pouvons vérifier tous les montages financiers de toutes les œuvres.

Comment s'organise la candidature d'un film pour être financé par une Sofica?
En général, les Sofica ont un comité d'investissement qui sélectionne les œuvres et décide des montants qui seront accordés aux différents films. Les producteurs viennent solliciter les Sofica et avoir un financement de leur part. C'est comme lorsqu'ils sollicitent une chaîne de télévision ou tout autre partenaire. Les producteurs présentent le scénario, le budget, les conditions de tournage, le casting, le calendrier du tournage. Puis, il y a une négociation autour des droits de recettes qui se fait entre la Sofica et les producteurs. Le CNC n'exerce évidemment aucun droit de regard sur la ligne éditoriale des Sofica, qui sont des sociétés privées.

Sur la campagne 2009-2010, combien de films environ vont bénéficier des Sofica, et combien d'œuvres télévisuelles ?
En moyenne, les Sofica investissent dans une petite centaine d'œuvres par an, avec une partie audiovisuel et une partie cinéma.
Le cinéma capte l'essentiel du financement, pour les productions audiovisuelles il reste de 15% à 20% maximum. L'audiovisuel est un peu le parent pauvre des Sofica et cela vient du fait que son marché secondaire est quand même assez restreint. L'audiovisuel ne s'exporte pas beaucoup et ne bénéficie pas de beaucoup de supports d'exploitation. Alors que le cinéma, lui, économiquement, est présent sur plusieurs supports et plusieurs marchés, s'exploitant en salle, à l'étranger, en vidéo, en VOD et en télévision, qui sont des sources multiples de retours sur investissements des Sofica.
Toutefois, on constate qu'il existe quand même des Sofica qui font dans l'audiovisuel. Le CNC a intégré, en 2005, dans les critères d'engagements des Sofica des engagements à investir dans l'audiovisuel.

Quelle part de films français et quelle part de films étrangers bénéficient des Sofica?
Dans la loi, la règle du jeu était très claire, les Sofica pouvaient aller vers des films non seulement agréés par le CNC, mais aussi d'EOF, c'est-à-dire d'expression originale française.
La Sofica peut cependant consacrer 20% de ses investissements à des films en langue étrangère. Toutefois, les Sofica le font assez peu car la règle est un peu compliquée. Elles peuvent aller vers des films en langue étrangère à condition que la langue de tournage soit la langue du coproducteur majoritaire du film qui doit être lui-même membre de l'Union européenne.

Quelles sont les nouvelles mesures prises en faveur de la production indépendante dans le cadre de la campagne des Sofica 2009-2010 ? Quel devrait être leur impact ?
A la suite d'un rapport commandé par le président du CNC, on a conduit une concertation avec les professionnels du secteur à propos de la Charte. Ce rapport examinait le dispositif des Sofica pour savoir si l'on pouvait davantage accentuer le soutien à la production indépendante. Le rapport a constaté qu'on pouvait encore aller un petit peu plus loin.
Nous avons donc renforcé un certain nombre de critères, en demandant désormais qu'au moins la moitié des investissements, pour chaque Sofica, soient des investissements non adossés. Ainsi, les Sofica peuvent pour une partie de leur investissement se garantir en prévoyant un prix de rachat à l'avance. Nous souhaitons que cette partie là soit limitée pour que la Sofica prenne autant de risque que le producteur qu'elle finance. D'autre part, nous sommes très attentifs au fait que sur la partie de ces investissements non adossés, il y ait une partie importante qui soit faite chez des producteurs indépendants.

Y a-t-il des éléments notables, des changements dans les Sofica agréées cette année par rapport à celles des années précédente ?
Toutes les Sofica ont tenu compte de la nouvelle Charte et des nouveaux critères qui l'accompagnent. Les Sofica ont un peu aménagé leur modèle pour répondre aux critères renforcés. Dans la répartition de l'enveloppe, nous avons veillé à mieux doter celles qui sont les «mieux-disantes», en créant des écarts dans la répartition par rapport à d'autres années.

Un placement dans une Sofica est-il un placement à risque, à quel point ?
Il y a plusieurs profils de souscripteurs, ce qui est sûr c'est que c'est un produit pour lequel la demande est souvent supérieure à l'offre et les Sofica n'ont pas vraiment de difficultés à les placer auprès des réseaux qui les placent. La Sofica est un produit qui est quand même fiscalement très intéressant.
Comme il y a de temps en temps de grands succès de certains films, il y a des possibilités aussi de retours sur investissement tout à fait corrects. La rentabilité des investissements dépend aussi du coût du film. Il y a des films à petit budget qui marchent très bien et représentent une rentabilité importante pour les différents financeurs. A contrario, certains films à gros budget fonctionnant moins bien peuvent constituer un retour sur investissement moins intéressant.

Propos recueillis par Claire Lavarenne

- 21 Janvier 2010 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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