ANKARA, 27 juin (Reuters) - Le gouvernement AKP de Recep Tayyip Erdogan a proposé jeudi d'amender la charte des forces armées turques invoquée dans le passé par les généraux pour justifier leurs coups d'Etat à répétition au nom de la défense de l'ordre public.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2002, Erdogan, qui vient d'être confronté à un mouvement de contestation de rue sans précédent, s'est employé à mettre au pas une armée qui se veut l'ultime rempart de la laïcité kémaliste. Les généraux turcs sont à l'origine de quatre putsches en 40 ans, le dernier en 1997 contre le gouvernement dirigé par l'islamiste Necmettin Erbakan.

Selon le vice-Premier ministre Bekir Bozdag, le gouvernement a présenté au Parlement un texte de loi amendant l'article 35 de la charte, promulguée après le putsch de 1960 et qui avait abouti à la pendaison du chef du gouvernement élu démocratiquement Adnan Menderes.

L'expression "protéger et veiller sur la République" qui, aux yeux de nombreux Turcs, implique une application stricte de l'ordre laïque, sera remplacée par un devoir plus modeste pour l'armée: défendre "la patrie turque contre des menaces venant de l'étranger".

Des centaines d'officiers supérieurs et généraux ont été mis aux arrêts ces dernières années dans le cadre de complots supposés visant Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier est accusé par ses adversaires politiques de dérive autoritaire et de chercher à islamiser "en douceur" les institutions et la société turques.

Le Premier ministre se défend pour sa part de vouloir revenir sur le régime laïque institué il y a 90 ans par Mustapha Kemal Atatürk, "père" de la Turquie moderne. (Parisa Hafezi; Jean-Loup Fiévet pour le service français)