MADRID, 12 novembre (Reuters) - Des centaines de milliers d'Espagnols ont manifesté dimanche contre le projet du chef du gouvernement par intérim Pedro Sanchez d'accorder l'amnistie aux séparatistes catalans en échange de leur participation à une nouvelle majorité gouvernementale.

Le gouvernement a conclu jeudi un accord avec le parti séparatiste catalan Junts, qui prévoit notamment l'adoption d'une loi controversée accordant l'amnistie aux personnes reconnues coupables de la tentative de sécession de la Catalogne de l'Espagne en 2017.

L'accord a provoqué une onde de choc dans tout le pays, les opposants conservateurs de Pedro Sanchez l'accusant de mettre l'État de droit en jeu pour servir ses intérêts politiques.

"Nous ne nous tairons pas tant qu'il n'y aura pas de nouvelles élections", a déclaré le dirigeant du Parti populaire (PP), Alberto Nunez Feijoo, devant une foule rassemblée sur la Puerta del Sol de Madrid.

La manifestation madrilène a rassemblé 80.000 personnes, selon les autorités, tandis que le PP, qui avait appelé à des rassemblements dans toutes les villes espagnoles, a revendiqué un million de manifestants.

Beaucoup brandissaient des drapeaux espagnols et européens, ainsi que des banderoles avec des slogans tels que "Respectez la Constitution".

"Il (Sanchez) a trahi la coexistence, la démocratie... il ne peut pas continuer à gouverner", a déclaré le banquier Tomas Perez, 38 ans, brandissant une pancarte qualifiant le chef du gouvernement socialiste de "traître".

"Beaucoup de mes connaissances qui votent pour les socialistes sont très déçus parce que Sanchez n'a jamais dit que l'amnistie ferait partie de son programme", a déclaré Inmaculada Herranz Castro, 64 ans.

À Barcelone, la police a indiqué que 6.000 personnes avaient manifesté, tandis que leur nombre atteignait 30.000 à Grenade et 50.000 à Séville, selon les autorités. D'autres manifestations ont eu lieu dans des villes comme Malaga, Palma et Valence.

Après les élections du 23 juillet qui n'ont permis à aucune majorité d'émerger, les socialistes ont passé des semaines à négocier avec des partis plus petits, notamment la plate-forme d'extrême gauche Sumar et les partis nationalistes catalan, galicien et basque.

Le soutien de Junts, après celui des nationalistes basques la semaine dernière, permet à Pedro Sanchez d'avoir la majorité absolue au Parlement et de passer le cap du vote de confiance pour former un nouveau gouvernement.

(Reportage de Miguel Gutierrez et Guillermo Martinez, version française Tangi Salaün)