MCLEAN, Virginie (Reuters) - Le président démocrate Joe Biden a admis mardi n'avoir pas réalisé une bonne prestation lors du premier débat en amont de l'élection présidentielle américaine de novembre face à son rival républicain Donald Trump, citant une fatigue imputée au décalage horaire après deux déplacements à l'étranger.

L'investiture de l'actuel locataire de la Maison blanche comme candidat du Parti démocrate pour le scrutin du 5 novembre est au coeur d'interrogations croissantes depuis ses balbutiements jeudi dernier en "prime time" sur CNN lors du premier débat présidentiel. Un second et ultime débat est programmé le 10 septembre.

Défendu au cours du week-end par plusieurs cadres du Parti démocrate ayant évoqué un accident et dit croire à un rebond, Joe Biden, 81 ans, a vu certains élus plaider implicitement pour son retrait de la campagne électorale au profit d'un candidat plus jeune.

Pour la première fois, mardi, un élu démocrate du Congrès a déclaré qu'il était préférable que Joe Biden ne brigue pas une réélection. "Reconnaissant que, au contraire de Trump, l'engagement du président Biden a toujours été envers notre pays et non pas lui-même, j'espère qu'il prendra la douloureuse et difficile décision de se retirer. C'est ce que je l'appelle respectueusement à faire", a déclaré l'élu texan Lloyd Doggett.

S'exprimant plus tard lors d'un rendez-vous de campagne à McLean dans l'Etat de Virginie, Joe Biden a reconnu que son débat face à Donald Trump, 78 ans, ne s'était pas bien déroulé.

"Ce n'était pas ma meilleure soirée", a-t-il dit, sans prompteur, au cours d'un événement de collecte de fonds. "Je n'ai pas été très intelligent. J'ai décidé de voyager deux fois à travers le monde, traversant une centaine de fuseaux horaires (...)" avant le débat, a-t-il poursuivi.

"Je n'ai pas écouté mon équipe, je suis revenu et je me suis presque endormi sur scène. Cela n'est pas une excuse, mais c'est une explication".

Joe Biden s'est rendu le mois dernier en France, où il a assisté aux commémorations du Débarquement en Normandie, puis en Italie pour un sommet du G7 à l'issue duquel il a voyagé en pleine nuit pour pouvoir apparaître à un événement de campagne à Los Angeles au côté de l'ancien président démocrate Barack Obama le 15 juin. Il est retourné à Washington le lendemain.

Le locataire de la Maison blanche a ensuite passé six jours à Camp David, la résidence secondaire des présidents américains, afin de se préparer au débat du 27 juin.

Dans l'entourage de Joe Biden, certains avaient déjà pointé du doigt un calendrier trop chargé en amont de son duel télévisé face à Donald Trump et déploré des lacunes dans sa préparation, blâmant de hauts conseillers de son équipe de campagne.

Des représentants de la Maison blanche ont évoqué une grippe contractée par le dirigeant démocrate. Ce dernier n'a mentionné aucune maladie lors de son rendez-vous de campagne mardi soir.

Selon une enquête d'opinion Reuters/Ipsos, un électeur démocrate sur trois pense que Joe Biden doit mettre fin à sa campagne électorale à la suite du débat. Toutefois, aucun élu démocrate de premier plan ne fait mieux que Biden dans les intentions de vote dans l'hypothèse d'affronter Trump.

Le même sondage montre que Joe Biden et Donald Trump conservent le soutien de 40% des électeurs américains, laissant à penser que le candidat démocrate n'a pas perdu de terrain face à son rival.

(Reportage de Steve Holland; version française Jean Terzian)

par Steve Holland