ADDIS-ABEBA, 3 octobre (Reuters) - Des manifestations ont eu lieu lundi dans la région d'Oromiya en Ethiopie, au lendemain d'une bousculade qui a fait plusieurs dizaines de morts lors d'une fête religieuse, ont annoncé des témoins.

Trois jours de deuil national ont été déclaré dans le pays où tous les drapeaux sont en berne.

La bousculade, déclenchée par la décision de la police de tirer en l'air et de faire usage de gaz lacrymogènes pour mettre fin à une manifestation, s'est produite à l'occasion de la fête annuelle d'Irreecha dans la ville de Bishoftu, à une quarantaine de kilomètres au sud de la capitale, Addis-Abeba.

Le bilan diffère selon les sources. Le gestionnaire de l'hôpital public de la ville fait état de 55 morts et de 100 blessés, contre 52 dimanche.

Un dirigeant de l'opposition, Merera Gudina, président du Congrès fédéraliste Oromo, a déclaré à Reuters que le nombre de morts tournait autour de 150 et que certaines des victimes avaient été abattues par la police, contrairement aux déclarations officielles. Il a demandé l'ouverture d'une "enquête indépendante".

Lundi, des manifestants sont descendus dans les rues de diverses communes de la région d'Oromiya : Ambo, Guder, Bule Hora notamment, pour protester contre ces morts.

Le chef adjoint de la police régionale a déclaré à la presse que "des troubles généralisés" s'étaient produits en plusieurs endroits de la région.

"Des rues ont été bloquées, tandis que des bâtiments publics et des véhicules ont été incendiés. La police tente de mettre fin à tout cela", a déclaré le chef adjoint, Sorri Dinka.

Des manifestations sporadiques se sont produites dans la région d'Oromiya ces deux dernières années. Elles ont été déclenchées au départ par des disputes foncières pour se transformer progressivement en mouvements de protestation contre le gouvernement. Des dizaines de manifestants ont été tués dans des affrontements avec la police depuis la fin de l'an dernier. (Aaron Maasho; Danielle Rouquié pour le service français)