* Risque systémique en Europe selon l'assureur-crédit

* Risque politique dans les pays émergents

* Evaluations abaissées en Italie et Espagne

PARIS, 16 janvier (Reuters) - L'assureur-crédit Coface estime que la crise des dettes souveraines dans la zone euro, considérée comme présentant un risque systémique, et la détérioration de la conjoncture ont dégradé la solidité financière des sociétés européennes.

Dans un communiqué publié lundi, Coface annonce avoir abaissé d'un cran, à A4, l'évaluation risque pays de l'Italie et de l'Espagne, deux pays au sein desquels l'organisation a constaté une nette hausse des incidents de paiements.

"L'Italie est fragilisée par un endettement public massif, l'Espagne par l'endettement de son secteur privé. Ces deux grandes économies d'Europe du Sud subiront en outre une contraction de l'activité en 2012", peut-on lire dans le document.

Coface indique avoir enregistré une hausse d'environ 50% des incidents de paiement des entreprises italiennes et espagnoles depuis le début de l'an dernier.

Dans l'ensemble de l'Europe, Coface observe "une nette rupture du comportement de paiement des entreprises depuis le second semestre 2011 qui a vu une nette remontée des impayés."

Au titre de 2011, Coface enregistre une progression de 19% des incidents de paiements dans le monde. Dans la zone euro, l'augmentation s'établit à 28%.

"Cette dégradation de la solidité moyenne des entreprises prouve que la crise prend un nouveau virage et atteint une dimension systémique globale avec l'entrée en crise de l'Italie", explique l'assureur-crédit.

RISQUES AU MAGHREB

"Paradoxalement, ce sont les entreprises, pourtant mieux gérées que jamais, qui subissent le contrecoup de cette crise. En 2012, la conjonction d'une croissance très affaiblie en Europe et d'un possible assèchement du crédit pourrait affecter de manière sensible le risque de crédit des entreprises", souligne François David, président de Coface.

Selon Coface, l'Europe de l'Est pourrait souffrir encore davantage de la contraction de la demande et du flux de financement de la zone euro.

"En raison de leur exposition aux dettes souveraines de la zone euro, les banques ouest-européennes se verront obligées de réduire le soutien à leurs filiales, ce qui affectera l'octroi de crédits aux entreprises", explique l'assureur-crédit.

"Or, les créances des banques européennes représentent 70% du PIB est-européen et on estime qu'1/5e de la croissance des années 2000 en Europe de l'Est s'explique par le dynamisme du crédit transfrontalier."

Les évaluations A2 de la République tchèque et de la Slovénie ainsi que l'évaluation A3 de la Slovaquie sont mises sous surveillance négative.

La Hongrie et la Croatie sont déclassées d'un cran à B.

Coface estime en outre que les pays émergents du Maghreb, du Proche et du Moyen-Orient présentent à nouveau un risque politique pour les entreprises, conséquence attendue du "printemps arabe".

Note: L'évaluation risque pays Coface mesure le niveau moyen de risque d'impayés présenté par les entreprises d'un pays dans le cadre de leurs transactions commerciales. Elle ne concerne pas la dette souveraine. Pour la déterminer, Coface combine les perspectives économiques, politiques et financières du pays, l'expérience de paiement de Coface et l'environnement des affaires du pays. Les évaluations se situent sur une échelle de sept niveaux : A1, A2, A3, A4, B, C, D. (Matthias Blamont, édité par Yves Clarisse)