WASHINGTON/PALM BEACH, Floride, 30 mars (Reuters) - Le président américain Donald Trump a menacé vendredi de fermer la frontière avec le Mexique la semaine prochaine, ce qui pourrait compromettre des milliards de dollars d'échanges commerciaux et les traversées légales, si le Mexique n'empêche pas les caravanes de migrants d'atteindre les Etats-Unis.

"Il y a une grande probabilité que je ferme la frontière la semaine prochaine, et cela m'ira très bien", a dit Donald Trump aux journalistes depuis sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride.

Il a demandé au Mexique de faire davantage pour empêcher les migrants d'arriver aux Etats-Unis. "C'est très facile pour eux d'empêcher les gens d'aller vers le nord, mais ils choisissent de ne pas le faire", a-t-il déclaré.

Trump a régulièrement annoncé, depuis le début de son mandat, qu'il fermerait la frontière mexicaine, sans que ses propos ne soient suivis d'actes.

Mais, cette fois-ci, l'administration américaine dit être en difficulté pour gérer l'afflux croissant de demandeurs d'asile venus d'Amérique centrale en traversant le Mexique.

Le département de la Sécurité intérieure a déclaré cette semaine que la circulation entre les Etats-Unis et le Mexique pourrait être ralentie du fait de la réaffectation de 750 membres de la police douanière, désormais chargés d'aider à traiter le grand nombre de demandes d'asile.

"Ne vous méprenez pas: les Américains pourraient sentir les effets de cette urgence", a déclaré la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kirstjen Nielsen, dans un communiqué, soulignant que le temps d'attente aux points d'entrée frontaliers serait plus long - notamment pour les transferts commerciaux.

D'après des représentants du département de la Sécurité intérieure, 100.000 migrants pourraient avoir été appréhendés à la frontière sud des Etats-Unis en mars, ce qui serait un record mensuel en plus de dix ans. La plupart de ces migrants - dont des enfants et des familles venus du Salvador, Honduras et Guatemala - sont autorisés à rester aux Etats-Unis le temps que leurs demandes d'asile soient étudiées, ce qui peut prendre des années du fait de la multiplication des dossiers.

Il est difficile d'établir dans quelle mesure une fermeture des points d'entrée officiels pourrait limiter l'afflux de migrants, ceux-ci étant légalement autorisés à demander l'asile aux Etats-Unis dès qu'ils posent le pied sur le sol américain.

Mais fermer la frontière mexicaine aurait un impact sur le tourisme et le commerce, alors que le Mexique est le troisième partenaire commercial le plus important des Etats-Unis - un marché représentant 612 milliards de dollars l'année dernière, selon les données de l'administration américaine.

Jusqu'à présent, Trump a échoué à convaincre le Congrès de durcir les lois en matière d'immigration et de lui allouer les fonds pour la construction d'un mur à la frontière mexicaine, la promesse phare de sa campagne électorale.

Le président américain a déclenché le mois dernier l'urgence nationale pour pouvoir allouer des fonds à ce projet puis a opposé son veto à la résolution du Sénat visant à annuler cette procédure. (Yeganeh Torbati et Jeff Mason, avec Anthony Esposito et Lizbeth Diaz à Mexico; Jean Terzian pour le service français)