Critiqué pour avoir décidé de diminuer les investissements du constructeur en Italie, Sergio Marchionne, également directeur général de la firme américaine Chrysler, assure que Fiat est déterminé à maintenir ses activités en Italie.

"Il ne s'agit pas de fermetures d'usines. Je dis simplement que l'état actuel du marché automobile ne nous permet pas de faire des investissements susceptibles de garantir la pérennité de l'entreprise", dit-il.

Selon les dernières statistiques de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (Acea), les immatriculations de voitures neuves en Europe occidentale ont baissé de 8,5% au mois d'août. En Italie, le recul est de 20,2%.

Près de 200.000 personnes travaillent dans l'industrie automobile en Italie, contre 300.000 en France ou en Espagne et 773.000 en Allemagne.

Dans un pays en récession, et dont Fiat est le premier employeur privé, une forte pression s'exerce sur Sergio Marchionne pour l'amener à préciser la stratégie italienne du groupe automobile. Les ministres de l'Industrie et du Travail ont demandé à s'entretenir avec lui. Aucune date n'a été arrêtée.

En 2010, Fiat avait annoncé un plan d'investissements sur cinq ans à hauteur de 16 milliards d'euros. Seule une petite partie des projets ont été détaillés (2,5 milliards répartis sur trois sites, deux à Turin et un près de Naples).

La semaine dernière, le constructeur a prévenu qu'il n'était pas réaliste de penser qu'un plan vieux de deux ans et demi pourrait rester inchangé. De nouvelles informations à ce sujet sont attendues pour le 30 octobre.

USINES AU RALENTI

"Nous sommes dans une situation dramatique ici (en Italie), mais je n'ai jamais parlé de fermetures d'usine, je n'ai jamais dit que je voulais partir", insiste Sergio Marchionne dans La Repubblica. "Je peux vous assurer que c'est une responsabilité énorme de prendre ces décisions aujourd'hui", poursuit-il.

L'administrateur exécutif, qui fait la navette entre Detroit, d'où il dirige Chrysler, et Turin, où se trouve le siège de Fiat, rappelle que la compagnie a dépensé 800 millions d'euros pour mettre au point une nouvelle version de la Fiat Panda. "Mais elle ne se vend pas, dit-il, parce qu'il n'y a pas de marché."

Le lancement en Italie de la nouvelle Fiat 500L, le 22 septembre, sera donc suivi de très près.

Les ventes de voitures sont tombées en Italie à des niveaux sans précédent depuis 40 ans, les usines tournent au ralenti et, dit-on de sources syndicales, Fiat devrait poursuivre sur la voie de mesures de chômage partiel pendant tout l'automnes.

Le groupe investit en revanche aux Etats-Unis, où 66 nouveaux modèles ont été présentés la semaine dernière aux concessionnaires Chrysler. La marque Alfa Romeo pourrait également faire son retour aux Etats-Unis.

Nombre d'observateurs en Italie y voient le signe d'une large réduction à attendre des investissements de Fiat dans la péninsule.

Sergio Marchionne répond en expliquant que sa stratégie vise à exploiter la vitalité du marché automobile américain pour "protéger la présence de Fiat en Italie et en Europe", où les pertes cumulées depuis le début de l'année s'élèvent à 700 millions d'euros.

Avec Steve Scherer, Henri-Pierre André pour le service français, édité par Gilles Trequesser

par Jennifer Clark