* Français et Allemands s'apprécient mais pas pour les mêmes raisons

* Les Français souhaitent un rapprochement entre les entreprises

* Les Allemands mettent l'accent sur les échanges entre populations

PARIS, 20 janvier (Reuters) - Cinquante ans après la signature du traité de l'Elysée, près de neuf Français et Allemands sur dix ont une image positive du pays partenaire et des relations franco-allemandes, selon un sondage Ifop commandé par l'ambassade d'Allemagne en France.

Selon cette enquête réalisée du 11 au 17 décembre auprès de 1.300 personnes dans chacun des deux pays, 85% des Français disent avoir une bonne image de l'Allemagne et 87% des Allemands pensent la même chose de la France. (voir aussi )

Ils sont 89% en France et 84% en Allemagne à estimer que l'existence de liens privilégiés entre ces deux pays, qui à eux seuls représentent 33% de la population de l'Union européenne et 48% du PIB de la zone euro, est positive pour l'Europe.

"Ce sondage montre que les peuples français et allemands s'apprécient mais pas toujours pour les mêmes raisons ou de la même façon", nuance cependant Hans Stark, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

Le sentiment principal des Français interrogés envers l'Allemagne est ainsi le respect (33%), suivi de la sympathie (26%), qui arrive en revanche largement en tête des sentiments exprimés par les Allemands à l'égard de la France (65%), bien avant le respect porté au pays de Molière (10%).

De même, les Français placent le sérieux (76%), le travail (76%) mais aussi l'influence internationale (64%) en tête des mots qui qualifient le mieux, selon eux, l'Allemagne, la qualité de vie (30%) et la solidarité (23%) venant bien après.

Les Allemands placent aussi sérieux et travail en tête des mots qualifiant à leurs yeux la France mais à un niveau moindre (67%), devant l'influence internationale (65%). Qualité de vie (34%) et solidarité (46%) obtiennent en revanche un meilleur score quand ces mots sont associés à la France.

LA FIN DU ROMANTISME ?

Cinquante ans après le traité de l'Elysée, Français et Allemands ont semble-t-il une vision moins romantique de la relation franco-allemande: pour 69% des Français et 59% des Allemands c'est le terme "partenariat" qui la décrit le mieux, loin devant le mot "amitié" (30% et 40%).

"Par rapport à il y a dix ans, le terme amitié a perdu dix points et celui de partenariat en a gagné dix", note Claire Demesmay, de l'Institut allemand de politique étrangère (Dgap).

"L'Allemagne est vue (en France) de plus en plus comme un partenaire et moins comme un ami. Il faut faire attention, car si le romantisme ou la fascination n'est plus là, le risque est que la relation soit plus dure", ajoute cette politologue.

Les Français sont un peu moins nombreux que les Allemands à juger satisfaisant l'état actuel des relations franco-allemandes (75% contre 83%). Ils sont surtout beaucoup moins nombreux à juger ces relations équilibrées (59% contre 85%).

Ils privilégient le rapprochement entre les entreprises françaises et allemandes (38%) et le développement de programmes communs de recherche (33%) pour améliorer ces liens.

Les Allemands mettent plutôt l'accent sur le renforcement des échanges entre les deux populations (24%, à égalité avec les programmes de recherches communs).

Français et Allemands sont en revanche d'accord pour se dire en faveur d'une harmonisation de la réglementation du travail (78% et 75%) et de la fiscalité (75% et 70%) dans les deux pays.

Paradoxalement, si 45% des Français sondés souhaitent que la France continue à traiter l'Allemagne en partenaire privilégié, les Allemands ne sont que 18% à souhaiter la réciproque.

Ces derniers souhaitent en revanche massivement que Berlin traite tous les pays de l'UE à égalité (72%), ce qui n'est le cas que de 44% des Français concernant les relations de la France avec ses partenaires européens. (Emmanuel Jarry, édité par Gérard Bon)