PARIS, 21 novembre (Reuters) - Le succès de la primaire de la droite pour l'élection présidentielle, qui a mobilisé dimanche plus de quatre millions de Français, est un "beau défi" lancé à la gauche pour son scrutin interne de fin janvier, a estimé lundi Manuel Valls.

Au lendemain du vote qui a donné une large avance à l'ancien Premier ministre François Fillon, qualifié pour le second tour avec Alain Juppé, le chef du gouvernement a mis en garde contre les "solutions ultralibérales" proposées par l'opposition.

L'affluence constatée dimanche "montre qu'il y a une volonté de participation chez nos compatriotes. Ils veulent faire entendre leur voix", a déclaré Manuel Valls dans un discours à Alfortville (Val-de-Marne), en banlieue parisienne.

"Ils veulent être acteurs, bien sûr, de l'élection présidentielle. C'est logique, c'est le moment majeur de notre démocratie", a ajouté le Premier ministre, pour qui preuve est désormais faite de l'utilité des primaires.

La gauche, qui avait organisé un scrutin interne en 2011, a prévu de réitérer l'expérience les 22 et 29 janvier prochains.

"C'est aussi un beau défi qui est lancé à la gauche", a dit Manuel Valls. "La primaire qu'elle organisera dans quelques semaines doit être de la même qualité, avec la même exigence démocratique, elle doit être à la hauteur du moment démocratique dans lequel nous entrons."

Les anciens ministres Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron sont entrés dans la course à l'Elysée sans passer par la case primaire, faisant craindre au PS un éparpillement fatal à la gauche l'an prochain.

"UN MOMENT QUI DONNE DE L'ELAN"

Aux yeux de Manuel Valls, la primaire doit être "un moment qui donne un élan, de l'espoir, pas un moment où, résignés, nous constatons la fatalité des choses".

"Je ne me résigne pas à voir l'extrême droite présente au second tour de l'élection présidentielle", a-t-il dit.

"C'est le combat d'une vie, c'est le combat de beaucoup d'entre vous, c'est le combat de ma vie parce que je sais ce que le populisme, l'extrême droite, représenteraient pour les petites gens, pour les gens modestes, pour les ouvriers, pour les employés, pour les personnes âgées, pour la jeunesse de notre pays et pour la France, qui sortirait de l'Histoire".

Manuel Valls s'en est pris aux programmes des candidats de droite, qui prévoient notamment la suppression de centaines de milliers de postes de fonctionnaires - au moins 250.000 pour Alain Juppé, 500.000 pour François Fillon.

"La France n'a pas besoin de solutions ultralibérales et conservatrices. Au contraire, elle a besoin d'investir dans l'éducation, dans la formation", a-t-il estimé. "Elle a besoin de tous ses fonctionnaires", a-t-il ajouté.

Manuel Valls se pose en recours pour la gauche au cas où François Hollande renoncerait à briguer un second mandat, ce que le président devrait annoncer début décembre. (Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)