* Benalla dit s'entretenir avec le président sur des "thématiques diverses"

* Il décrit un chef de l'Etat entouré de "technocrates"

* Benalla "se venge de son licenciement", réplique l'Elysée (Actualisé avec Elysée §2)

PARIS, 31 décembre (Reuters) - L'ex-chargé de mission à l'Elysée Alexandre Benalla a affirmé à Mediapart échanger régulièrement avec Emmanuel Macron, via la messagerie Telegram, sur des "thématiques diverses" incluant la récente crise des "Gilets jaunes", écrit lundi le site d'information en ligne.

Interrogé par Reuters sur ces propos, l'Elysée a répliqué ne pas vouloir "poursuivre un dialogue par presse interposée avec M. Benalla qui se venge de son licenciement pour faute grave en entretenant tout un faisceau de contre-vérités et d'approximations".

Ces nouveaux développements interviennent alors qu'Emmanuel Macron doit s'adresser au pays ce lundi soir à l'occasion de son message de voeux du Nouvel an.

Lors d'un entretien dimanche avec Mediapart, l'ancien collaborateur du chef de l'Etat affirme avoir eu des échanges avec Emmanuel Macron depuis son licenciement de l'Elysée, en juillet dernier.

"Ça va être très dur de le démentir parce que tous ces échanges sont sur mon téléphone portable", dit-il.

Alexandre Benalla décrit par ailleurs un président de la République entouré de "technocrates" qui "appartiennent à une famille pire que la mafia où tout le monde se tient, où tout le monde doit sa carrière à l'autre".

"Vous avez un système qui est pris en otage par une haute fonction publique qu'on appelle aussi les technocrates ou les énarques, plus un certain nombre de personnes qui errent dans les couloirs et qui font de l'influence sans qu'on sache bien quels intérêts ils servent si ce n'est les leurs", dit-il.

Le président de Mediapart, Edwy Plenel, a déclaré lundi sur BFM TV que les échanges entre le chef de l'Etat et l'ancien chargé de mission avaient été authentifiés.

Selon lui, Alexandre Benalla est "totalement catégorique" quand il raconte "comment on sollicite son avis au plus haut sommet de l'Etat - le président lui-même, y compris sur une crise comme celle des 'Gilets jaunes' - et comment il échange régulièrement avec le président et certains de ses collaborateurs".

"DUO INFERNAL"

L'article de Mediapart ouvre un nouvel épisode dans un feuilleton qui dure depuis juillet, date de la mise en examen d'Alexandre Benalla pour "violences volontaires", notamment, à la suite de la diffusion par Le Monde d'enregistrements vidéo le montrant en train de molester des manifestants en marge des rassemblements du 1er-Mai à Paris.

Mis à pied du 4 au 22 mai et rétrogradé pour ces faits, il avait fait l'objet d'une procédure de licenciement de l'Elysée le 20 juillet.

L'affaire a rebondi ces derniers jours après des informations de presse révélant qu'Alexandre Benalla n'a pas restitué ses deux passeports diplomatiques après son licenciement de l'Elysée.

Depuis ce tout récent épisode, "le lien est coupé" avec Emmanuel Macron, dit encore Alexandre Benalla à Mediapart.

Le parquet de Paris, saisi par le Quai d'Orsay, a ouvert samedi une enquête préliminaire contre l'ex-chargé de mission pour "abus de confiance" et "usage sans droit d'un document justificatif d'une qualité professionnelle", notamment.

En marge d'un déplacement d'Emmanuel Macron ce mois-ci au Tchad, l'Elysée a tenu à faire savoir que la présidence n'entretenait "plus aucun contact" avec lui, selon Le Monde.

L'opposition s'est élevée lundi contre ce que le député Rassemblement national Sébastien Chenu a décrit comme un "duo infernal qui coule notre pays".

"Emmanuel Macron est un président menteur, il est entouré de gens qui ont des comportements de voyous et ils sont en train de couler notre pays", a-t-il déclaré sur BFM TV.

Sur Europe 1, l'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a évoqué "une affaire assez misérable qui pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses."

"Les déclarations surprenantes de M. Benalla sont accablantes. Parallèlement à cela, les réactions de l'Élysée sont successives, contradictoires, ambiguës et gênées", a ajouté l'eurodéputé Les Républicains.

"Au minimum il s'agit d'une affaire dans l'Etat - Etat que le président Macron souhaitait à la fois impartial et exemplaire. Et aujourd'hui chaque Français comprend qu'il n'est ni l'un, ni l'autre", a ajouté l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy. (Elizabeth Pineau avec Marine Pennetier, édité par Jean-Michel Bélot)