PARIS, 4 juillet (Reuters) - Les tensions montent d'un cran en France, à trois jours du second tour des élections législatives, après l'agression de la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot et de son équipe, condamnée unanimement jeudi par la classe politique qui s'inquiète d'un climat de violence.

Prisca Thévenot a été prise à partie mercredi soir alors qu'elle collait, avec sa suppléante Virginie Lanlo et deux militants, des affiches électorales à Meudon (Hauts-de-Seine) où elle est candidate à la députation.

Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête pour "violences commises en réunion sur un élu public" et quatre personnes ont été interpellées, a fait savoir le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Cette agression survient après celle en Savoie d'une candidate du Rassemblement national (RN), Marie Dauchy, qui a affirmé mercredi avoir été "violemment agressée" sur un marché.

"C'est évidemment inacceptable, pendant une bataille démocratique, si j'ose dire, de ne pas se concentrer sur les idées mais s'attaquer physiquement aux candidats", a réagi jeudi Gérald Darmanin sur France 2.

"Nous devons faire attention parce qu'il se passe quelque chose qui confine à une libération de la violence dans notre pays", a-t-il averti.

L'inquiétude était partagée par l'ensemble de la classe politique alors que le second tour des législatives présage d'un résultat très incertain, qui pourrait voir le RN obtenir une majorité absolue - ce qui le conduirait au pouvoir - ou un Parlement divisé en blocs, avec le risque d'un pays ingouvernable.

"La violence et les intimidations n’ont pas leur place dans notre démocratie", a réagi sur X le Premier ministre Gabriel Attal, appelant à rejeter "le climat de violence et de haine qui s’installe".

"La France est devenue une cocotte-minute", a regretté pour sa part le député européen Place publique Raphaël Glucksmann sur France Inter. "On sent partout cette tension, cette violence qui s'exprime".

Dimanche soir, 30.000 policiers et gendarmes seront mobilisés, dont 5.000 à Paris, a indiqué Gérald Darmanin, évoquant un "très gros dispositif" qui doit empêcher que "l'ultragauche et l'ultradroite ne profitent pas des résultats (du second tour) pour créer un désordre qui pourrait ensuite faire naître d’autres désordres".

Après la victoire du RN au premier tour, le camp présidentiel et l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire ont défendu un "front républicain" via le désistement de leurs candidats qualifiés en troisième position.

Cette stratégie pourrait s'avérer payante pour empêcher le RN d'obtenir la majorité absolue à l'Assemblée nationale, fixée à 289 sièges. Selon un sondage Toluna Harris Interactive réalisé pour Challenges, M6 et RTL, le RN et ses alliés sont crédités de 190 à 220 sièges. (Rédigé par Blandine Hénault)