* Taux de participation en forte baisse comparé à 2014

* Mesures sanitaires strictes dans les bureaux de vote

* Le second tour du 22 mars fortement compromis

* Deux ministres - Riester et Damarnin - réélus (Actualisé tout du long)

PARIS, 15 mars (Reuters) - Le premier tour des élections municipales a été marqué dimanche en France par une forte abstention dans un pays mis à l'arrêt par l'épidémie de coronavirus, faisant planer le doute sur la tenue du second tour, dimanche prochain, si la situation sanitaire s'aggravait encore.

Les résultats, et notamment l'élection de certains ministres dès le premier tour, ont été largement éclipsés par la crise liée à la propagation du virus, qui a fait selon le dernier décompte 127 morts et 5.423 personnes contaminées, et imposé des conditions sanitaires strictes dans les bureaux de vote.

Dans ce contexte, le taux d'abstention a atteint sans surprise un nouveau record sous la Ve République et pourrait atteindre, selon les estimations, entre 53,5 et 56% - contre 36,45% lors des dernières élections municipales de 2014. A 17h, le taux de participation s'élevait à 38,77%.

Au Havre (Seine-Maritime), le Premier ministre Edouard Philippe est arrivé en tête avec 43% des voix, devant le député communiste Jean-Paul Lecoq (34%) selon des estimations Harris Interactive-Agence Epoka pour TF1, LCI et RTL.

"C'est un bon score dans un contexte très particulier", a déclaré sur TF1 la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye.

Le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin - qui avait annoncé qu'il quitterait le gouvernement en cas de victoire - et celui de la Culture, Franck Riester, ont quant à eux été élus au premier tour des élections municipales à Tourcoing (Nord) et Coulommiers (Seine-et-Marne).

Au regard des estimations, la majorité était en mauvaise posture à Paris et Lyon, où la maire socialiste sortante Anne Hidalgo et l'écologiste David Doucet sont arrivés en tête avec respectivement 30,2% et 29% des voix.

Les Verts et le Rassemblement national ont marqué des points dans ce scrutin.

QUID DU SECOND TOUR?

Née en fin de semaine, la polémique sur le maintien du scrutin malgré l'épidémie a repris de plus belle dimanche soir, la quasi-totalité des membres de l'opposition réclamant le report du second tour compte tenu de l'augmentation du nombre de cas et des mesures de confinement.

"Si le gouvernement doit décider que le confinement a lieu, que le deuxième tour n'a pas lieu, il doit prendre ses dispositions le plus tôt possible pour que tout le pays puisse s'organiser en connaissance de cause", a dit le chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, devant la presse.

Le leader Europe-Ecologie Les Verts (EELV) Yannick Jadot a demandé à Emmanuel Macron de "réunir dès demain matin les représentants des forces politiques pour tirer toutes les leçons de ce premier tour. Et je lui demande d'organiser avec ces forces politiques le report du second tour".

Pour la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, qui a dénoncé les "atermoiements" et les "choix idéologiques souvent contradictoires" du gouvernement en matière de confinement, "le second tour n'aura manifestement pas lieu".

S'exprimant au Havre, le Premier ministre a annoncé qu'il réunirait "en début de semaine le conseil scientifique" avant de consulter "les représentants des forces politiques."

"C'est dans une transparence totale en prenant en compte les recommandations sanitaires et je l'espère dans un esprit de consensus républicain que nous prendrons les mesures nécessaires", a déclaré le Premier ministre.

Les mesures de confinement pourraient compliquer la donne. Après l'annonce samedi soir de la fermeture des bars, restaurants et commerces non indispensables, le gouvernement pourrait prendre des mesures de précaution supplémentaires afin de freiner l'épidémie.

"ALLER PLUS LOIN"

Les autorités s'inquiètent de voir de nombreux Français braver les mesures de "distanciation sociale" en se rendant dans des parcs, marchés et rues de la capitale dimanche.

"Si c'est nécessaire, s'il faut aller plus loin parce que notre santé est en jeu, eh bien nous irons plus loin et nous ferons face ensemble", a déclaré le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, sur France 2. "S'il y a une détérioration sanitaire, cela doit l'emporter sur toute autre considération".

Selon le Journal du dimanche, le gouvernement envisagerait le passage à un "confinement total" dans la région du Grand-Est et d'Ile-de-France avec la mobilisation potentielle de l'armée pour veiller à l'application des restrictions de circulation.

Contactée par Reuters, l'Elysée a mis en garde contre les rumeurs et fait savoir qu'aucune prise de parole d'Emmanuel Macron n'était prévue ce dimanche. (Marine Pennetier et Elizabeth Pineau, édité par Jean-Michel Bélot)