PARIS, 30 janvier (Reuters) - Le rapport sur l'apprentissage issu des concertations sur la prochaine réforme sociale du quinquennat d'Emmanuel Macron recommande une série de mesures pour développer cette voie sans trancher sur la question sensible de la gouvernance, contrairement aux souhaits de certains syndicats.

La présidente de la concertation sur l'apprentissage, Sylvie Brunet, a présenté mardi son rapport de synthèse aux acteurs du secteur qui représentait 8,2 milliards d'euros en 2015, pour moitié financé par des entreprises.

La ministre du Travail Muriel Pénicaud, qui souhaite s'attaquer au chômage des jeunes (un taux de 24,6% en France 2016 pour les 15-24 ans selon l'OCDE), avait réclamé des discussions autour de quatre grands axes: parcours de l'apprenti, entreprises et apprentissage, gouvernance et financement et offre de formation et certification.

"En dépit de ses bons résultats en termes d'insertion professionnelle, tous les acteurs ont relevé que l'apprentissage est une voie de formation qui est devenue excessivement complexe et difficilement lisible tant pour les jeunes que pour les entreprises", peut-on lire dans le rapport.

Instaurer une journée obligatoire d'information sur cette formation en 4e et 3e, supprimer la limite d'âge de 26 ans, prévoir une indemnité minimale pour les maîtres d'apprentissage, le rapport énumère une série de 44 propositions, ruptures ou simples aménagements. Il renvoie cependant volontairement la question de la gouvernance au gouvernement.

"Il n'y avait pas de consensus du tout au niveau des acteurs et j'ai bien compris que les arbitrages ne relevaient pas de mon niveau", a dit Sylvie Brunet en conférence de presse.

"J'ai pu émettre quelques pistes en insistant sur le fait qu'il faut que tous les acteurs se parlent et se mobilisent ensemble (...) mais que le pilotage soit beaucoup plus centré sur les branches professionnelles et les entreprises", a-t-elle ajouté.

Cette question épineuse avait amené les régions, qui occupent un grand rôle dans l'administration du secteur, à claquer la porte des discussions en décembre dernier.

LES SYNDICATS "SUR LEUR FAIM"

Le Medef et la CPME avaient aussi ajourné les négociations sur la formation professionnelle pour réclamer des clarifications auprès du gouvernement sur le rôle de chacun. Elles ont accepté mardi de reprendre les discussions.

Les syndicats, qui ont assisté à la présentation du rapport, ont manifesté leur intérêt face aux propositions, mais ne se trouvent pas particulièrement avancés sur les questions cruciales.

"Nos propositions ont été retenues", a fait savoir la déléguée nationale Emploi formation de la CFE-CGC, Madeleine Gilbert, à l'issue de la présentation du rapport. "Mais on reste un petit peu sur notre faim sur la gouvernance. Comment ça va s'organiser? Quel va être le mode de fonctionnement?"

Selon Sylvie Brunet, les arbitrages ministériels sur le sujet auront lieu à la mi-février. Parmi les propositions les plus innovantes, le rapport recommande la création d'une "agence de l'apprentissage" qui orienterait les familles et accompagnerait le jeune tout au long du parcours.

Il propose aussi de simplifier l'enregistrement des contrats, actuellement très complexe, et de faciliter leur rupture à condition que cette démarche soit précédée d'un entretien en présence d'un tiers. Cela permettrait d'éviter de bloquer à la fois l'employeur et l'apprenti à un poste pendant des semaines.

La rémunération de l'apprenti devrait être revue à la hausse pour rejoindre celle d'un contrat de professionnalisation et ne plus être basée sur l'âge. Le maître d'apprentissage devrait disposer d'une formation qui mènerait par la suite à une certification. Une indemnisation minimale pourrait aussi lui être proposée.

Enfin, le rapport porte une série de réflexions sur l'offre de formation pour qu'elle s'adapte mieux aux besoins des entreprises. (Caroline Pailliez, édité par Julie Carriat)