* Les marges des raffineurs "extrêmement élevées"

* Réduire la dépendance à l'automobile

* Le gouvernement a promis une baisse "modeste"

par Marion Douet

PARIS, 27 août (Reuters) - La baisse du prix des carburants doit passer par une diminution des marges des raffineurs et par une politique d'investissement de l'Etat, notamment dans les transports en commun, ont estimé lundi des associations de consommateurs interrogées par Reuters.

Ces associations, qui rencontrent lundi après-midi les ministres de l'Economie Pierre Moscovici et de la Consommation Benoît Hamon, estiment que cette baisse serait satisfaisante à partir de 6 ou 7 centimes par litre.

Le gouvernement s'est engagé la semaine dernière à agir sur l'augmentation du prix du carburant, en évoquant une baisse "modeste et provisoire" de la fiscalité et un effort du secteur pétrolier

"On ne comprend pas pourquoi le débat se positionne aujourd'hui uniquement sur la distribution, où il n'y a pas énormément de marge de manoeuvre", a dit à Reuters Nicolas Mouchnino, de l'UFC-Que Choisir.

"Les marges de raffinage sont extrêmement élevées à l'heure actuelle, notamment sur le diesel. Les pétroliers peuvent aujourd'hui faire un effort là-dessus", a-t-il dit.

Ces marges ont augmenté de 50% sur le gazole - 80 % de la consommation - et de 100% sur l'essence depuis le début de l'année, selon lui. Après avoir fortement chuté ces dernières années, les marges de raffinage ont connu une reprise en 2012, liée à l'augmentation des cours du pétrole.

Le raffinage représente en moyenne 9 centimes par litre de gazole et 6 centimes par litre d'essence, tandis que les taxes totalisent respectivement 65 et 86 centimes par litres. (voir graphique : http://link.reuters.com/cut22t)

Mais les associations de consommateurs interrogées estiment qu'une baisse de la fiscalité ne sera pas la mesure la plus efficace car le manque à gagner pèsera trop lourd sur le budget de l'Etat et, à terme, sur le contribuable.

"Pour que la baisse devienne significative, il faut qu'elle atteigne au minimum 6 à 7 centimes par litre. Mais le problème, c'est que ca ne va pas s'arrêter, le coût du pétrole va continuer à augmenter", a dit Thierry Vidor, directeur général de Familles de France.

DÉPENDANCE À LA VOITURE

Chaque centime de baisse représentera un coût de 125 millions d'euros par trimestre pour l'Etat, selon les estimations du secteur pétrolier. Une baisse de 8 centimes sur trois mois coûterait ainsi 1 milliard d'euros par trimestre.

Selon Familles de France et l'UFC-Que Choisir, le gouvernement, qui fait face à une équation budgétaire complexe, devrait plutôt chercher à réduire la dépendance à l'automobile des ménages et soutenir les technologies alternatives.

"Les voies ferrées, les transports en commun, il faut les développer. Combien de communes sont aujourd'hui très difficilement accessibles par ces transports ? Il y a donc obligation d'avoir une voiture", a dit Thierry Vidor.

En plus de ces mesures, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) demande au gouvernement des incitations à réduire la consommation, comme une baisse des vitesses maximales autorisées et des campagnes d'informations sur l'éco-conduite.

Les Français consomment 50 millions de mètres cubes de carburant chaque année, selon l'Ufip.

Après les associations de consommateurs, les représentant du secteur pétrolier seront reçus mardi par des membres du gouvernement. (édité par Patrick Vignal)