* Le traité européen n'est pas la bonne réponse, dit Hollande

* Fillon l'accuse d'irresponsabilité

* "Nous n'avons pas de leçons à recevoir", réplique Moscovici (Actualisé avec Fillon, Moscovici)

PARIS, 12 décembre (Reuters) - Le projet de traité arrêté vendredi par 26 des 27 membres de l'Union européenne n'apporte pas "la bonne réponse" à la crise de la dette, a estimé lundi François Hollande, qui s'est engagé, s'il est élu en 2012, à le renégocier.

Cette décision a provoqué la colère de l'UMP, qui accuse le candidat socialiste à la présidentielle de 2012 d'avoir pris une position "folle et aventureuse", que le Premier ministre, François Fillon, juge pour sa part "tout à fait irresponsable".

"C'est la crédibilité de la France qui est en jeu, car on ne peut pas dire aux marchés: 'il y a un accord européen en décembre mais on ne sait pas si en avril ou en mai il sera toujours valable, c'est tout à fait irresponsable par rapport aux difficultés que nous rencontrons'", a-t-il déclaré lors d'un déplacement à Saint-Dizier (Haute-Marne).

Les pays de la zone euro ont entamé vendredi une refondation destinée, après signature d'un nouveau traité auquel seule la Grande-Bretagne a décidé de ne pas s'associer, à les porter rapidement vers une plus grande intégration économique et budgétaire. (voir )

"Pour redonner la confiance et pour soutenir la croissance, ce n'est pas la bonne réponse", a dit François Hollande sur RTL.

"Ce n'est pas la bonne réponse non plus pour l'avenir de l'Europe, qui mérite mieux qu'un simple accord sur ce qu'on appelle l'union budgétaire", a-t-il ajouté. "Si je suis élu président de la République, je négocierai ou renégocierai cet accord pour y mettre ce qu'il y manque aujourd'hui: de l'efficacité sur les marchés".

Le dirigeant socialiste a souligné qu'un accord européen devait permettre une intervention de la Banque centrale européenne (BCE), des euro-obligations pour mutualiser la dette des Etats et un fonds de secours financier "à même" de répondre, selon lui, à la "pression des marchés."

BOÎTE DE PANDORE

En réponse au procès en irresponsabilité de la droite, son directeur de campagne, Pierre Moscovici, a répliqué lors d'une conférence de presse qu'un "gouvernement et un parti qui ont mis le pays en faillite" n'ont pas de leçon à donner au PS.

"Quand on est dans cette situation, on ne donne pas de leçon de responsabilité et quand on est un démocrate on ne dit pas qu'un président élu ne peut pas négocier un traité", a dit l'ancien ministre des Affaires européennes.

"Le processus de ratification de ce traité commence après la présidentielle et le nouveau président ne peut se sentir totalement engagé par des décisions auxquelles il n'aura pas été associé", a expliqué Pierre Moscovici, comparant l'accord de Bruxelles à un "objet politique non identifié".

Le secrétaire national de l'UMP aux stratégies économiques, Olivier Carré, a accusé le candidat socialiste de faire le jeu du "chacun pour soi" et d'"adopter le credo" de la présidente du Front national, Marine Le Pen.

Philippe Juvin, eurodéputé et secrétaire national de l'UMP, estime quant à lui que "François Hollande ouvre la boîte de Pandore" avec une décision "folle et aventureuse".

"La proposition de François Hollande sera utilisée contre la France et l'Europe par tous ceux qui ne veulent pas d'accord comme les Britanniques. Cette déclaration est en réalité due à une seule raison : François Hollande ne connaît pas l'Europe", écrit-il dans un communiqué.

Alain Minc, l'un des conseillers officieux de Nicolas Sarkozy, a prédit que cette "renégociation" tournerait court comme en 1997, lorsque les socialistes de retour au pouvoir avaient promis de revoir le pacte de stabilité de l'euro.

La négociation s'était terminée sur un ajout sémantique, le pacte devenant "de stabilité ET de croissance".

Aux yeux de Pierre Moscovici, ce précédent prouve au contraire qu'"il n'est nullement impossible à un nouveau pouvoir dans un Conseil européen d'obtenir des avancées". (Matthias Blamont et ELizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)