PARIS, 24 septembre (Reuters) - Le Medef a demandé jeudi au gouvernement et à la majorité de réviser leur politique en matière de dépenses de santé pour ne pas accentuer la désindustrialisation d'un secteur dans lequel la France est encore un des leaders mondiaux.

Le gouvernement prévoit de puiser dans les comptes sociaux, en particulier, dans les dépenses d'assurance-maladie, près de la moitié des 21 milliards d'euros d'économies qu'il a promis de faire en 2015, ce qui devrait se traduire dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).

Sur 50 milliards d'euros d'économies prévues sur trois ans, jusqu'en 2017, l'assurance-maladie est le premier contributeur, à égalité avec l'Etat et à hauteur de 18 milliards, selon des chiffres gouvernementaux.

Le PLFSS, qui sera présenté le 8 octobre en conseil des ministres, ne doit plus être un facteur de désindustrialisation, a déclaré le président de la Fédération française des industries de santé (Fefis), Christian Lajoux, lors de la présentation du projet "un million d'emplois" du Medef.

Or "on demande la moitié des contributions pour rééquilibrer les comptes de l'assurance-maladie à l'industrie pharmaceutique, qui ne représente que 15% de ses dépenses", a-t-il poursuivi.

"Il y a un biais qui nous amène à dire à nos élus, 'attention, à travers les décisions que vous prenez, de ne pas créer les conditions de la désindustrialisation du pays'."

Si le Medef est le premier à demander un retour à l'équilibre des dépenses d'assurance-maladie, il estime que les économies sont plutôt à rechercher dans une réorganisation et une rationalisation du système de santé dans son ensemble, en particulier du système hospitalier.

"Pourquoi tape-t-on essentiellement sur le médicament ? Parce que c'est facile, parce qu'on a la réputation d'être des entreprises extrêmement profitables - ce qui n'est plus vrai aujourd'hui - et parce qu'il n'y a pas le courage politique de réorganiser l'hôpital", a déclaré Christian Lajoux à Reuters.

Il fait ainsi valoir que la France a 30% de lits d'hôpitaux de plus que l'Allemagne, alors qu'elle compte une quinzaine de millions d'habitants de moins.

"Il faut réduire le déficit de l'assurance-maladie. Mais on ne peut pas limiter la politique industrielle de santé à la seule question de ce déficit", a-t-il ajouté.

Il plaide notamment pour un rapprochement du monde des ingénieurs et des entreprises de celui des soignants, notamment pour créer des plate-formes de soin à la pointe de la technologie. (Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)