par Leigh Thomas

PARIS, 24 juin (Reuters) - Le gouvernement que formera le Rassemblement national (RN) s'il remporte les élections législatives anticipées en France mettra fin à des décennies de déficits publics importants et respectera les règles financières européennes, a déclaré le référent sur les questions financières du parti d'extrême droite.

Jean-Philippe Tanguy, député considéré comme l'un des principaux prétendants pour le poste de ministre de l'Economie et des Finances si le RN venait à obtenir une majorité absolue lors du scrutin des 30 juin et 7 juillet, a dit que le programme électoral du RN serait intégralement financé "par des économies, des réductions de niche fiscale, de la déréglementation (...)".

"Les coupes les plus importantes, c'est évidemment le sujet de l'immigration", a-t-il ajouté dans un entretien à Reuters.

Depuis que le président Emmanuel Macron a surpris en annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale à la suite des élections européennes, lors desquelles les partis eurosceptiques et nationalistes ont réalisé une percée, le RN, en tête du scrutin à l'échelle nationale, s'évertue à démontrer qu'il gérera les finances publiques avec fiabilité.

L'hypothèse que l'extrême droite s'installe à Matignon a provoqué l'inquiétude des marchés financiers, avec une chute des actions françaises et du cours de l'euro.

"Ce que je dis aux entrepreneurs et aux marchés, c'est que, de toute façon, le Rassemblement national n'a pas le choix que de réussir. Nous ne bénéficierons pas du laxisme dont a bénéficié monsieur Macron", a déclaré Jean-Philippe Tanguy.

Investisseurs et agences de notation ont exprimé leurs préoccupations à l'égard de certaines promesses du RN, comme la baisse de la TVA sur l'énergie à 5,5% contre 20% - une mesure à même de peser sur la notation de la France, a prévenu Standard & Poor's, qui a déjà dégradé le mois dernier la note de crédit du pays.

La question des finances publiques fait l'objet d'une attention accrue depuis que la dette s'est alourdie de manière inattendue à 5,5% du produit intérieur brut (PIB) l'an dernier, forçant le gouvernement à annoncer à la hâte 20 milliards d'euros de "coupes" budgétaires cette année et en 2025 afin d'atteindre ses objectifs de déficit.

Jean-Philippe Tanguy a déclaré que la France devait s'en tenir à l'objectif de ramener le déficit public à 3% du PIB d'ici 2027, comme annoncé par le gouvernement actuel, un pourcentage qui correspond au plafond fixé par l'Union européenne.

"Il faut respecter le Pacte de stabilité" du bloc communautaire, a-t-il dit. "La signature de la France doit être honorée".

Alors que les craintes sur les marchés financiers se sont atténuées ces derniers jours, le député RN voit deux facteurs qui rassurent les marchés: "La BCE, qui est capable d'intervenir, qui l'a déjà fait et qui le refera d'ailleurs de manière indépendante sans qu'on ait besoin de la faire puisque la réalité de l'économie française est solide; et l'épargne des Français".

Le RN s'est dernièrement montré moins catégorique sur certaines de ses positions les plus radicales, indiquant notamment que la promesse d'abaisser l'âge de la retraite à 60 ans pour les personnes ayant travaillé pendant quarante ans pourrait seulement s'appliquer à ceux qui ont débuté leur carrière avant l'âge de 20 ans.

Jean-Philippe Tanguy a déclaré qu'un gouvernement RN ne "contesterait pas" les mesures d'attractivité post-Brexit mises en place par Emmanuel Macron à destination des banques souhaitant quitter Londres pour Paris, à condition que ces mesures soient justes d'un point de vue social. (Leigh Thomas, avec la contribution d'Elizabeth Pineau, rédigé par Jean Terzian; édité par Zhifan Liu)