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PARIS, 3 juillet (Reuters) - La coalition présidentielle et l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) tentaient encore mercredi d'organiser un large "front républicain" pour contrer le Rassemblement national (RN) à l'Assemblée nationale, la question d'une éventuelle "grande coalition" agitant désormais les deux camps après les désistements pour le second tour, dimanche.

Après la victoire du RN au premier tour des élections législatives, le camp présidentiel comme le NFP tentent de faire barrage à la formation d'extrême-droite, via notamment une stratégie de retrait au second tour des candidats arrivés en troisième position là où le RN risquerait de l'emporter.

Plus de 200 désistements ont été enregistrés, selon le décompte de plusieurs médias, qui doit être encore confirmé par le ministère de l'Intérieur.

Désormais, c'est la question d'une éventuelle "grande coalition" entre le NFP et le groupe présidentiel Ensemble pour la République qui agite les débats face à la perspective d'une Assemblée nationale dominée par le RN.

Dès dimanche soir, le Premier ministre Gabriel Attal, qui mène la campagne pour le camp présidentiel, avait appelé à "bâtir entre forces républicaines des majorités de projets et d'idées", renonçant dans la foulée à mettre en oeuvre la réforme contestée de l'assurance-chômage.

"À l'issue de ce deuxième tour, soit le pouvoir sera entre les mains d'un gouvernement d'extrême droite, soit le pouvoir sera au Parlement. Moi je me bats pour ce deuxième scénario" a expliqué mercredi sur France Inter Gabriel Attal, rejettant néanmoins l'idée d'une "coalition".

"Je n'ai pas parlé de coalition. Je ne vais pas imposer aux Français une coalition qu'ils n'ont pas choisie", a-t-il dit.

"Ce que je demande aux Francais c'est de faire en sorte que l'extrême droite n'ait pas de majorité absolue (...) Et ensuite, on trouvera, je l'espère, je le souhaite, et je pense que c'est possible, projet par projet, des majorités de projets qui permettront de faire avancer le pays".

COALITION SANS LFI

La présidente sortante de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a pour sa part appelé de ses voeux mercredi "une grande coalition" contre le RN, en excluant toutefois certains élus LFI "avec qui il n'est pas question de travailler".

"Je plaide pour que nous fassions une grande coalition, celle-ci peut aller jusqu'au bloc de gauche, avec les écologistes, les socialistes et les communistes, des personnes avec lesquelles je partage des valeurs", a-t-elle déclaré sur RTL.

Une position partagée par le maire du Havre et chef de file d'Horizons Édouard Philippe, qui se dit ouvert "à une nouvelle majorité parlementaire qui pourrait aller de la droite conservatrice aux sociaux-démocrates".

"Il est évident qu'il ne peut pas avoir une discussion sur une coalition avec LFI", a-t-il ajouté sur TF1.

Dans le camp du NFP, la proposition d'un rapprochement à l'Assemblée nationale avec le camp présidentiel est diversement reçue.

"Il faudra sûrement faire des choses que personne n’a jamais faites auparavant dans ce pays", a reconnu mardi soir la secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) Marine Tondelier sur TF1, ajoutant "que certains au centre, à droite, nous disent comment ils souhaitent travailler dans l’autre sens".

La députée écologiste Sandrine Rousseau, réélue à Paris dès le premier tour des législatives, s'est quant à elle farouchement opposée à la proposition.

"Dévier et encore aller vers une politique libérale, qui ne respecte pas ce que nous avons posé dans le débat politique, c'est d'une certaine manière trahir la parole des électeurs", a-t-elle affirmé mercredi sur France 2, à l'image du coordinateur de LFI Manuel Bompard, qui a déclaré la veille que "les Insoumis ne gouverneront que pour appliquer leur programme, rien que le programme".

A quelques jours du second tour, un grand débat entre le RN, le NFP et le camp présidentiel semble pour l'heure exclu. A la place, Gabriel Attal, Jordan Bardella et Marine Tondelier seront interrogés à tour de rôle ce mercredi sur BFMTV à partir de 20h30, chacun pour une durée d'une heure.

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(Rédigé par Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)