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PARIS (Reuters) - Le Rassemblement national (RN), arrivé en tête du premier tour des élections législatives, s'efforce de convaincre les Français de lui accorder une majorité absolue à l'Assemblée nationale afin de pouvoir gouverner pour la première fois, une perspective à laquelle tentent de s'opposer la gauche et le camp présidentiel, malgré sa cacophonie, via des désistements en vue du second tour dimanche.

Au terme du premier tour dimanche dernier, 76 députés sur 577 ont déjà été élus, selon les données du ministère de l'Intérieur. 

Les candidatures pour le second tour doivent être déposées d'ici 18h00 ce mardi. 

Au sein du camp présidentiel, la stratégie de désistements au profit de candidats de gauche mieux placés est brouillée par les appels de plusieurs personnalités à faire barrage également à La France insoumise (LFI), principale composante du Nouveau Front populaire (NFP).

Face à l'hypothèse d'une majorité et d'un gouvernement RN, le Premier ministre, Gabriel Attal, s'est prononcé lundi soir pour une "Assemblée nationale plurielle avec plusieurs groupes politiques de droite, de gauche, du centre qui, projet par projet, travaillent ensemble au service de l'intérêt des Français".

LES DERNIERS DÉVELOPPEMENTS:

16h50 - Le président du Sénat, Gérard Larcher, a annoncé sur le réseau social X qu'il s'était rendu à l'Elysée à l'invitation d'Emmanuel Macron pour discuter du "fonctionnement des institutions pour l'avenir".

Gérard Larcher, dont le nom a parfois été cité pour Matignon dans l'hypothèse où le Rassemblement national n'obtiendrait pas la majorité absolue à l'Assemblée nationale, a précisé qu'il avait accepté cette invitation ès qualités et non en tant que responsable du parti Les Républicains, à l'heure où la majorité présidentielle sortante se cherche d'éventuels alliés.

11h45 - Gabriel Attal défend les désistements de candidats du camp présidentiel qui ne semblent pas en mesure de l'emporter au second tour des élections législatives afin d'empêcher le Rassemblement national de disposer d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale, ce qui permettrait ensuite de chercher à construire une "alternative (avec) différentes forces politiques".

"Désistement ne veut pas dire ralliement", a dit le Premier ministre à des journalistes lors d'un déplacement de campagne. "Quoi qu'il se passe, hélas, les seuls en capacité à avoir une majorité absolue aujourd'hui, c'est le Rassemblement national. Il faut empêcher ça."

"Il y a une autre alternative, c'est qu'il y ait différentes forces politiques qui soient représentées à l'Assemblée nationale sans majorité absolue pour le RN et moi je me bats pour ce scénario", a-t-il ajouté.

Gabriel Attal a aussi déclaré n'avoir "de leçon à recevoir de personne" en matière de désistements face au RN malgré les positions divergentes exprimées au sein du camp présidentiel.

"J'ai fixé une consigne très claire (...) il faut empêcher le Rassemblement national de disposer d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale", a-t-il dit. "Ça veut dire que dans quelques circonscriptions où le maintien de notre candidat en troisième position aurait fait gagner l'extrême droite, les candidats se désistent, je l'ai dit dès dimanche soir."

"Je vois bien qu'il y a des prises de parole ou des positions qui sont différentes mais l'important c'est ma parole, c'est moi qui mène cette campagne."

08h48 - Manuel Bompard, coordinateur de LFI élu dès le premier tour des législatives dans les Bouches-du-Rhône, a appelé sur BFM TV/RMC les abstentionnistes à se rendre aux urnes dimanche. 

Interrogé sur le poste de Premier ministre en cas de victoire du NFP, il déclare qu'un "gouvernement de coalition sera toujours dirigé par un ou une Première ministre issu de la composante qui sera la plus nombreuse au sein de la coalition". 

"On ne va pas se livrer au ridicule de faire une primaire de Premier ministre au sein de notre groupe majoritaire."

08h37 - Marine Le Pen confirme que le RN n'entend diriger un gouvernement qu'en cas de majorité absolue à l'Assemblée nationale, quitte à l'obtenir avec l'appui de quelques députés issus d'autres rangs.

"Il est évident que nous ne pouvons pas accepter d'aller au gouvernement si nous ne pouvons pas agir", a-t-elle dit sur France Inter, confirmant la position du président du RN Jordan Bardella qui affirme qu'il ne sera pas Premier ministre sans majorité absolue.  

"Nous souhaitons gouverner (...) et si nous sommes à quelques députés de la majorité, nous tenterons d'aller les chercher", a ajouté Marine Le Pen, évoquant la possibilité de rallier une poignée d'élus divers droite, divers gauche ou LR si le RN dispose d'environ 270 députés sur les 289 nécessaires à une majorité absolue.

Marine Le Pen a aussi critiqué les initiatives de la gauche et d'une partie du camp présidentiel pour tenter de limiter le nombre de députés RN: "les désistements et les consignes de vote sont le pire des mépris à l'égard des électeurs." 

08h34 - Sébastien Chenu, député RN élu au premier tour, rejette sur Public Sénat la tactique des désistements pour empêcher le parti lepéniste d'obtenir une majorité. 

"On est pas là pour faire de la tambouille, se retirer au nom de je ne sais quoi (...) Il n'y a pas de raison qu'il y ait des désistements (...) Je pense qu'il faut de la clarté, de la cohérence, les Français n'attendent pas des manoeuvres d'appareil", a-t-il déclaré.

"Nos candidats peuvent gagner là où ils sont en situation d'être maintenus", a-t-il ajouté. 

08h27 - Interrogé sur son rôle en cas de victoire du RN, Eric Ciotti, le président contesté des Républicains allié du parti d'extrême droite affirme que "ce n'est pas le sujet". 

"Nous aurons vocation à participer au redressement de la France en toute loyauté avec le Premier ministre, qui sera je le souhaite Jordan Bardella", a-t-il ajouté.

08h08 - Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, met en garde sur l'avenir des syndicats si le RN devait arriver au pouvoir.  

"On sait très bien que si le Rassemblement national arrive au pouvoir, c'est la question de l'existence même des organisations syndicales qui sera posée", a-t-elle déclaré sur franceinfo, appelant à la "défense de notre démocratie". 

7h50 - "On a un objectif aujourd'hui c'est pas de majorité absolue pour le Rassemblement national", a réitéré sur France Inter François Ruffin, député sortant dans la 1ère circonscription de la Somme, qualifié pour le deuxième tour derrière une candidate du RN. 

La gauche "doit être la force qui rassure et qui protège", a-t-il déclaré, estimant que l'avancée du RN résulte de "ressentiments" liés à la politique du président de la République. 

"On a pour devoir de transformer le ressentiment en espérance, de marteler des mesures de bon sens et de décence. Les Français doivent pouvoir vivre de leur travail."

07h45 - Le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a répété sa position "Ni RN, ni LFI" sur RTL et demandé au président Emmanuel Macron de rendre des comptes sur la situation politique actuelle. 

"Il faut qu'il parle solennellement et qu'il dise très clairement qu'aujourd'hui, quand il nous a mis dans cette situation catastrophique, il n'empêchera pas les hommes et les femmes de bonne volonté de sortir le pays de l'impasse dans laquelle il nous a mis et dont il est le seul responsable", a déclaré Xavier Bertrand. 

Il appelle également à la mise en place d'un "gouvernement provisoire jusqu'à la prochaine élection présidentielle au maximum qui va permettre de prendre (les problèmes) à bras le corps (...) et qui va être aussi capable de sortir de l'impasse et de proposer un espoir". 

"Le Rassemblement national, il n'est pas écrit qu'il dirigera le gouvernement de la France dimanche prochain et il y a une autre possibilité, ce gouvernement provisoire." 

07h42 - Clément Beaune, ancien ministre des Transports et député sortant Renaissance battu dimanche à Paris, salue sur France 2 "le courage de beaucoup de parlementaires qui se sont déjà désistés, qui ont pris le risque, qui ont eu le courage, d'arrêter le combat". 

(Rédigé par Kate Entringer, Bertrand Boucey, Nicolas Delame, édité par Blandine Hénault)