* Une opération commando de quelques minutes

* Une évasion en hélicoptère

* Un récidiviste de l'évasion spectaculaire (Actualisé avec Nicole Belloubet)

PARIS, 1er juillet (Reuters) - Le Français Redoine Faïd, braqueur multirécidiviste condamné en appel à 25 ans de réclusion criminelle en avril pour la mort de la policière Aurélie Fouquet en 2010, s'est évadé en hélicoptère dimanche matin de la prison de Réau (Seine-et-Marne).

L'appareil dont le pilote avait été pris en otage s'est posé vers 11h20 dans la cour d'honneur de la prison, la seule qui ne soit pas protégée par des filets ou des filins contre ce type d'intrusion, a-t-on appris de sources proches de l'enquête et syndicales.

Selon des syndicalistes de l'administration pénitentiaire, deux hommes, armés semble-t-il de fusils d'assaut de type Kalachnikov et de cocktails Molotov, sont sortis de l'appareil, un troisième homme restant sur place pour tenir en joue le pilote, et ont lancé des fumigènes.

"Ils ont utilisé une disqueuse pour découper une première porte, puis deux grilles palières, et sont allés chercher Faïd au parloir, côté familles", a dit à Reuters Jérôme Nobecourt, responsable régional du syndicat FO pénitentiaire. "Cela a duré moins de dix minutes."

Redoine Faïd se trouvait au parloir avec l'un de ses frères, Brahim, qui a été interpellé par la suite et placé en garde à vue, a-t-on dit de source judiciaire.

Les effectifs de gardiens en fonction dans la prison étaient "standards", a précisé le syndicaliste. "Mais nous avons ordre de ne pas tirer sur un aéronef et les agents, dans l'établissement, ne sont pas armés."

SURVOL DE DRONES

La ministre de la Justice Nicole Belloubet, qui s'est rendue sur place, a déclaré aux journalistes que les services de l'établissement avaient repéré "il y a quelques mois" des drones survolant la maison d'arrêt. "Je ne suis pas en capacité de faire un lien" avec cette "évasion tout à fait spectaculaire", a-t-elle dit.

L'Inspection générale du ministère de la Justice a été saisie pour déterminer "s'il y a eu des defaillances en termes de sécurité active ou passive".

Redoine Faïd était détenu à l'isolement dans un quartier sécurisé. Il se rendait au parloir sous la surveillance de deux fonctionnaires. "C'est quelqu'un qui était particulièrement surveillé, particulièrement suivi", a dit Nicole Belloubet.

"La situation n'est pas liée à une question de personnels", a-t-elle affirmé, précisant que cinq surveillants assuraient dimanche la sécurité au parloir.

Lors de l'opération, il n’y a eu ni blessé ni otage en dehors du pilote. Selon une source policière, le pilote était un professeur de pilotage et attendait de donner un cours quand il a été pris en otage par le commando, qui l'a laissé libre, sain et sauf mais choqué, après l'évasion.

Selon des sources proches de l'enquête et syndicales, l'hélicoptère a été retrouvé calciné à Gonesse, dans le Val-d'Oise, et Redoine Faïd a poursuivi sa cavale en voiture.

La voiture a été retrouvée calcinée à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Les fugitifs ont ensuite pris place à bord d'une camionnette blanche, a-t-on appris de source proche de l'enquête.

UNE PREMIÈRE ÉVASION EN 2013

Le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête en flagrance des chefs d'"évasion en bande organisée" et d'"association de malfaiteurs". "Des dispositifs coordonnés de contrôle et d’interception sont mis en place, qui tiennent compte de la dangerosité du fugitif et de ses possibles complices", a-t-on déclaré au ministère de l'Intérieur.

Redoine Faïd, 46 ans, s'était déjà évadé de la prison de Sequedin (Nord) en avril 2013 à l'aide d'explosifs et après avoir pris quatre surveillants de prison en otages. Il avait été arrêté après six semaines de cavale.

Braqueur très médiatisé qui a publié en 2010 un livre sur son expérience ("Braqueur : des cités au grand banditisme"), Redoine Faïd, né à Creil (Oise), est considéré comme l'organisateur du braquage avorté qui a entraîné la mort d'Aurélie Fouquet, mère de famille de 26 ans, le 20 mai 2010 à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne).

Repérés par des policiers, les braqueurs, qui envisageaient d'attaquer des fourgons de transport de fonds, s'étaient lancés dans une course-poursuite sur l'autoroute, ouvrant le feu sur les forces de l'ordre et des automobilistes. Ils avaient tiré notamment sur une voiture de police municipale, tuant Aurélie Fouquet et blessant son coéquipier.

En dépit de sa proximité avec les membres du commando, dont son frère Fisal, condamné en juillet 2016 à 20 ans de prison par la justice algérienne, Redoine Faïd a toujours affirmé n'avoir rien à voir avec le projet d'attaque et la mort de la policière. (Service France et Emmanuel Jarry, édité par Sophie Louet)