PARIS, 11 juillet (Reuters) - La motion de censure déposée par l'alliance de gauche Nupes contre le gouvernement de la Première ministre Elisabeth Borne a été rejetée lundi, sans surprise, à l'Assemblée nationale.

Elle n'a recueilli que 146 voix sur les 289 requises pour son adoption, a annoncé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet. Soit cinq de moins que les 151 élus que compte l'alliance.

Contrainte de former un gouvernement minoritaire après les élections législatives de juin qui ont vu l'alliance soutenant le président Emmanuel Macron perdre la majorité absolue (289 élus), Elisabeth Borne avait choisi de ne pas solliciter un vote de confiance après son discours de politique générale, mercredi dernier.

La Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) a répondu à cette décision en déposant une motion "de défiance".

Mais les autres groupes d'opposition, dont le Rassemblement national (extrême droite, 89 députés) avaient prévenu qu'ils ne la voteraient pas, notamment pour ne pas entraver l'adoption rapide d'une loi destinée à soutenir le pouvoir d'achat des Français face à la forte inflation.

La présidente du groupe de La France insoumise (LFI), Mathilde Panot, avait ouvert le débat en considérant qu'Elisabeth Borne était à "cette fonction une anomalie démocratique".

"Il est logique que le refus de la confiance récolte la défiance", avait-elle lancé.

L'élue du Val-de-Marne avait estimé, à l'adresse de la Première ministre et des groupes, que le vote permettrait une "clarification" entre "ceux qui veulent livrer la guerre sociale et écologique avec vous et ceux qui mèneront la bataille contre vous", dénonçant au passage "le président des lobbys qui roule pour Uber".

Une allusion à un accord présumé entre Uber et Emmanuel Macron, alors qu'il était au ministère de l'Economie et des Finances, que rapportent Le Monde et ses partenaires du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ).

En réponse, Elisabeth Borne a dénoncé une "motion de posture".

"Aujourd'hui nous pourrions être en train d'agir pour les Français. Au lieu de cela, nous débattons d'une motion de censure cousue de procès d'intentions qui fait obstacle au travail parlementaire et, de ce fait, à la volonté des Français", a-t-elle déploré.

"Contrairement aux signataires de votre motion de censure nous, nous portons des solutions, pas la dissolution", a-t-elle poursuivi, réitérant l'appel au compromis formulé mercredi dernier lors de sa déclaration de politique générale.

"Notre main sera toujours tendue aux forces de l'arc républicain", a-t-elle dit, se disant convaincue de pouvoir "surmonter certains de nos a priori".

"Le compromis, ce n'est pas une ambition rabaissée", a plaidé la Première ministre, promettant d'examiner "loyalement" toutes les propositions, "texte après texte".

"Je ne me résous pas à cette glaciation", a-t-elle lancé. (Tangi Salaün et Sophie Louet, édité par Camille Raynaud)