PARIS, 9 avril (Reuters) - Les syndicats de fonctionnaires ont dénoncé lundi une méthode de concertation "sans dialogue" de la part du gouvernement après une première rencontre sur la réforme de la fonction publique qui laisse présager de nouvelles mobilisations.

Les neuf organisations syndicales de la fonction publique rencontraient le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics, Olivier Dussopt, pour traiter du premier chantier de la réforme du secteur public.

Il s'agit de la fusion de certaines instances de représentation du personnel (les CHSCT et les comités techniques - instances chargées de donner leur avis sur les questions et projets de textes relatifs à l'organisation et au fonctionnement des services) et de la simplification des commissions administratives paritaires (CAP), qui traitent des carrières individuelles.

Pour la présidente de la Fédération des services publics de la CFE-CGC, Nathalie Makarski, les choses commencent "très très mal". "On a tous indiqué qu'on ne partageait pas les principes du document d'orientation. Il y a un 'forcing'(passage en force, ndlr) quand on part de ce document pour ouvrir la négociation", a-t-elle déclaré à Reuters.

Le président d'UNSA Fonction publique, Luc Farré, estime qu'"à ce stade, cette concertation sur le dialogue social débute sans dialogue". Pour la FSU, c'est un "monologue de sourds".

L'intersyndicale composée de la CFE-CGC, CFTC, CGT, FAFP, FO, FSU et Solidaires qui avait organisé la manifestation nationale des fonctionnaires, le 22 mars dernier, dénonce la réforme depuis la présentation de ses grandes lignes par le gouvernement.

Parmi les points de friction, en plus de la modification des instances représentatives du personnel: l'élargissement du recours aux contractuels, l'introduction de la rémunération au mérite et la mise en place d'un plan de départs volontaires.

UN TEMPS FORT D'ACTIONS MI-MAI

Elles ont réclamé des modifications au document d'orientation, sans obtenir pleine satisfaction, selon elles.

Selon le gouvernement, le texte a notamment été amendé à la demande de plusieurs syndicats pour terminer les discussions fin octobre dans la perspective des élections professionnelles prévues le 6 décembre prochain.

Pour la CFDT Fonctions publiques, il est encore trop tôt pour se prononcer.

"Nous, le sujet est de savoir si le gouvernement va se donner les moyens de retenir les demandes qu'on va porter. On verra donc à l'arrivée", a déclaré sa secrétaire générale, Mylène Jacquot, ajoutant ne pas faire preuve non plus de "naïveté".

Les sept organisations syndicales ont prévu de se rencontrer mardi en fin d'après-midi pour décider des mouvements à venir.

Elles avaient déclaré jeudi dernier souhaiter "construire un nouveau temps fort d'actions et de manifestations dans l'ensemble de la fonction publique (grève, manifestation nationale...) à partir de mi-mai".

L'UNSA, qui ne s'était pas joint au mouvement le 22 mars, a précisé qu'elle se rendrait à la rencontre et "ferait des propositions".

La CFDT Fonctions publiques sera également présente. Elle ne prendra cependant pas position sur la mobilisation, précise Mylène Jacquot, n'ayant pas obtenu ce mandat de ses instances. (Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)