Paris (awp/afp) - Le chômage a fortement reculé en mars, de -1,7% par rapport à février, pour atteindre 3,53 millions de demandeurs d'emploi sans activité. Signe plus encourageant encore, il marque une tendance à la baisse sur les trois derniers mois.

En mars, le nombre de demandeurs d'emploi sans aucune activité inscrits à Pôle emploi a diminué de 60.000, soit une baisse mensuelle jamais vue depuis septembre 2000, a-t-on précisé au ministère du Travail. Mais les chiffres du chômage jouant au yo-yo depuis juin (une hausse est toujours suivie d'une baisse), c'est la tendance sur trois mois qui est jugée plus significative: -49.500 depuis janvier.

"Il s'agit de la première baisse trimestrielle significative depuis le dernier épisode de reprise de 2010/2011", s'est félicitée la ministre du Travail, Myriam El Khomri, dans un communiqué. Une nouvelle qui tombe bien après les très mauvais chiffres de février (38.400 nouveaux inscrits à Pôle emploi), et à deux jours d'une nouvelle journée de mobilisation contre la loi travail.

Mais il reste à des niveaux élevés, avec 3,53 millions de demandeurs d'emploi sans activité. En comptant les demandeurs d'emploi ayant exercé une petite activité, Pôle emploi recensait fin mars 5,45 millions d'inscrits (-8.700) en métropole et de 5,75 millions en incluant l'outre-mer.

L'amélioration du chômage des jeunes se poursuit: le nombre de demandeurs d'emploi de moins de 25 ans inscrits en catégorie A a baissé de 1,7% (-8.700), portant la baisse à 36.000 depuis fin 2014.

Pour le gouvernement, cette baisse "est le résultat de l'amélioration graduelle de l'activité économique qui s'est déjà traduite par une reprise des créations d'emploi en 2015, grâce notamment aux effets du Pacte de responsabilité".

"Nos efforts portent leurs fruits", a-t-on commenté au ministère du Travail, soulignant notamment que l'aide à la première embauche dans les PME a accéléré les effets du pacte, avec "225.000 aides demandées" depuis l'annonce de la mesure par François Hollande, le 18 janvier.

Le chef de l'Etat, qui a fait d'une baisse "crédible" du chômage la condition pour briguer un nouveau mandat, avait également annoncé en janvier un plan de 500.000 formations supplémentaires pour les demandeurs d'emploi, dont les bénéficiaires vont basculer dans la catégorie D de Pôle emploi, donnant lieu à de nombreuses critiques sur une baisse artificielle des statistiques.

Mais en mars, le nombre d'entrées en formation n'a augmenté que de 1.100, a précisé le ministère à l'AFP.

'MESURES STRUCTURELLES' DANS LA LOI TRAVAIL

Plusieurs signaux sont passés au vert ces derniers mois sur le front de l'emploi, à commencer par les embauches qui sont en hausse continue depuis mi-2014.

L'Acoss, organisme collecteur des cotisations de sécurité sociale, a enregistré au premier trimestre 1,87 million de déclarations d'embauches pour des contrats de plus d'un mois, un total qui flirte avec le record enregistré au troisième trimestre 2011.

Parallèlement, les entreprises du secteur privé ont créé, en net, 82.300 postes salariés en 2015, après trois années de destructions, selon l'Insee.

Tous secteurs confondus, la France a même créé 158.000 emplois, permettant au taux de chômage de l'Insee de reculer légèrement (10% en métropole, -0,1 point) en 2015.

Le gouvernement table aussi sur la future loi travail, qui donnera notamment plus de souplesse aux entreprises en matière d'aménagement du temps de travail: ces "mesures structurelles" permettront "le développement de l'emploi durable", a rappelé la ministre du Travail. Le texte sera débattu au Parlement le 3 mai.

Toujours très attendue, la publication des chiffres de Pôle emploi intervient à l'avant-veille d'une quatrième journée de manifestations et de grèves contre ce projet, à l'appel de sept syndicats de salariés, étudiants et lycéens (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL, Fidl). Cette troisième mobilisation unitaire depuis début mars sera suivie d'un 1er mai également focalisé sur la réforme.

afp/fr