Paris (awp/afp) - L'Insee a fortement révisé à la baisse jeudi sa prévision de croissance pour 2016 en France, à 1,3% au lieu des 1,6% jusque-là anticipés, en raison notamment des mauvais résultats du deuxième trimestre.

Dans sa note de conjoncture, l'institut de la statistique et des études économiques prévoit un rebond "modeste" de l'activité au troisième trimestre (+0,2%) après le trou d'air du printemps (-0,1%). La croissance devrait ensuite accélérer durant l'automne (+0,4%), à un niveau néanmoins trop faible pour atteindre l'objectif annuel de 1,5% fixé par le gouvernement.

En fin de compte, la croissance économique devrait rester cette année "à un niveau comparable à celui de 2015" (+1,2%), a souligné lors d'une conférence de presse Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture de l'Insee.

Elle serait ainsi inférieure à celle de l'Allemagne (+1,8%) mais aussi à celle de la zone euro (1,6%), selon M. Passeron, qui estime que les incertitudes "se sont accrues", après les attentats et le vote en faveur du Brexit.

Dans sa dernière note de conjoncture publiée en juin, l'institut statistique avait revu à la hausse sa prévision de croissance pour 2016 à 1,6%, après les bons résultats du premier trimestre (0,7% de croissance).

"Nous avions sous-estimé l'effet des grèves du printemps sur l'activité", a expliqué Dorian Roucher, responsable de la synthèse conjoncturelle à l'Insee, pour expliquer cette forte révision à la baisse.

Le mouvement d'opposition à la loi Travail, selon l'institut, aurait ainsi coûté 0,1 point de croissance du PIB à la France, en pénalisant à la fois les raffineries, le secteur de la chimie, et celui des transports.

La révision à la baisse des prévisions de croissance provient aussi des exportations, beaucoup moins dynamiques que prévu, du fait notamment de la faiblesse des livraisons aéronautiques.

Le commerce extérieur, fortement déficitaire, devrait ainsi coûter 0,4 point de croissance à la France cette année, malgré un probable rebond au second semestre, selon l'Insee.

L'économie française devrait néanmoins bénéficier de quelques facteurs positifs, qui viendront embellir un tableau globalement morose. La consommation des ménages devrait ainsi augmenter de 1,5% en 2016, et le pouvoir d'achat des ménages de 1,8%.

Quant à l'investissement des entreprises, il accélèrerait à +3,6%, après +2,7% en 2015, favorisé à la fois par la baisse des taux d'intérêt et par le net redressement de leur taux de marge, selon l'institut.

afp/rp