(Actualisé avec discours d'Osborne, précisions)

LONDRES, 18 avril (Reuters) - Le ministre britannique des Finances, George Osborne, a averti lundi les électeurs qu'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne amputerait leurs revenus et fragiliserait les services publics en affaiblissant durablement l'économie du pays.

S'appuyant sur des calculs du Trésor, le chancelier de l'Echiquier de David Cameron a précisé qu'un Brexit - sur lequel les électeurs sont appelés à se prononcer le 23 juin - coûterait à chaque ménage 4.300 livres (environ 5.400 euros) par an d'ici 2030.

Trois jours après le lancement de la campagne officielle du référendum, George Osborne a souligné que toute autre issue que le maintien dans l'Union pénaliserait l'économie britannique.

Plusieurs institutions, comme la Banque d'Angleterre ou le Fonds monétaire international (FMI), et certains économistes ont déjà mis en avant le risque d'un impact économique et financier négatif à court terme en cas de sortie de l'UE, mais rares sont ceux qui se sont risqués jusqu'à présent à estimer l'impact à long terme.

"La Grande-Bretagne serait durablement plus pauvre si elle quittait l'Union européenne. Quelle que soit la solution, nous ferions moins d'échanges, nous ferions moins d'affaires et nous accueillerions moins d'investissements", a déclaré George Osborne.

Il a précisé que, dans le scénario le plus favorable envisagé par les services de son ministère, celui d'un accord avec l'UE comparable à celui conclu par la Norvège, qui lui assurerait un accès au marché unique, l'économie britannique serait, en 2030, 4% moins riche qu'en cas de maintien dans l'Union.

LE CAMP DU BREXIT RÉFUTE DES CHIFFRES "SANS VALEUR"

L'un des chefs de file des partisans du camp "Out", le maire de Londres Boris Johnson, estime pour sa part qu'un accord strictement commercial avec l'UE permettrait au Royaume-Uni d'économiser sa contribution au budget européen et de se libérer de l'obligation d'ouvrir ses frontières à tous les travailleurs de l'UE.

Mais pour Osborne, considéré comme un rival de Johnson pour prendre la succession de David Cameron à la tête du Parti conservateur, un tel accord ne couvrirait pas le secteur des services financiers et amputerait la richesse nationale de 6% d'ici 2030, soit 4.300 livres par foyer.

Cela correspondrait selon lui à un manque à gagner de 36 milliards de livres par an en termes de recettes fiscales, soit l'équivalent des budgets de la sécurité et de la justice.

Les partisans du Brexit ont critiqué les chiffres avancés par Osborne, le député conservateur et ancien ministre John Redwood estimant qu'ils n'avaient "absolument aucune valeur".

"Nous ne tenterons pas de chiffrer précisément l'économie en 2030 parce que nul ne sait ce qui va se passer. Je pense que leurs prévisions pour 2030 n'ont absolument aucune valeur", a réagi le député conservateur et ancien ministre John Redwood au micro de la BBC.

Les instituts de sondage montrent que les camps du "In" et du "Out" sont très proches. Ils montrent aussi qu'une part croissante de l'électorat est dans l'indécision.

(William Schomberg; Henri-Pierre André et Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)