Londres (awp/afp) - La pandémie de coronavirus et l'arrêt brutal de l'activité à cause du confinement a mis à terre l'économie britannique d'après un indice qui fait office de baromètre, et la Banque d'Angleterre s'attend à la pire récession depuis plus d'un siècle.

L'indice PMI composite flash de production est tombé à 12,9 pour avril, un record de faiblesse depuis la création de cette enquête, contre 36,0 en mars, indique jeudi la maison de recherche IHS Markit qui le compile, à cause de fermetures d'entreprises en chaine.

Le dernier indice PMI Flash composite "illustre ainsi le déclin de loin le plus rapide dans l'activité depuis que ces données ont commencé à être compilées il y a plus de deux décennies".

Gertjan Vlieghe, membre du Comité de politique monétaire de la Banque d'Angleterre, affirme par ailleurs que le Royaume-Uni semble parti pour connaitre une récession "plus rapide et profonde que tout ce à quoi nous avons assisté au siècle précédent, voire depuis plusieurs siècles".

"Près de 81% des fournisseurs de services britanniques et 75% des entreprises manufacturières ont indiqué une chute de leur activité en avril à cause de la pandémie", détaille l'enquête.

Elle constate aussi des "records de faiblesse dans les nouvelles commandes, les carnets de commandes et l'emploi", même si dans ce dernier cas cela reflète notamment la mise en chômage partiel pour pouvoir bénéficier des aides au maintien des emplois du gouvernement britannique, qui va prendre en charge 80% des salaires allant jusqu'à 2.500 livres pendant trois mois.

D'après une enquête du Bureau national des statistiques (ONS), entre le début du confinement, le 23 mars, et le 5 avril, sur près de 6.200 entreprises sondées 24% avaient temporairement fermé leurs portes (0,3% définitivement) et 75% étaient encore en activité, mais celle-ci était fortement inférieure à la normale.

27% des employés des entreprises encore ouvertes ont été mis en chômage partiel, et moins d'1% ont été licenciés.

"Le déclin à vous mettre les larmes aux yeux des PMI Flash d'avril confirme que le confinement a poussé l'économie vers une récession d'une ampleur et d'une rapidité sans précédent. Il est particulièrement inquiétant de voir le plongeon de l'emploi, et cela soutient notre opinion" qu'un rebond de l'économie vif et large "est très peu probable", estime Ruth Gregory, de Capital Economics.

Gonflement des emprunts

Face à la crise, le gouvernement britannique a annoncé des mesures de soutien à l'économie de plus de 330 milliards de livres, avec notamment des prêts aux entreprises, et les finances publiques se sont nettement détériorées à partir de mars.

D'après l'ONS, les emprunts du secteur public ont bondi de 9,3 milliards de livres à 48,7 milliards de livres au cours de l'exercice achevé le 31 mars, plus qu'attendu.

Mais l'ONS prévient que ces chiffres ne prennent pas en compte l'impact "significatif" de l'action gouvernementale face à la pandémie de Covid-19 lancée le mois dernier, et les chiffres de mars pourraient être révisés largement à la hausse dans les prochains mois.

Le Trésor a d'ailleurs fait savoir jeudi dans un communiqué qu'il prévoyait d'émettre 180 millions de livres de titres obligataires ("guilts") entre mai et juillet, pour financer ses programmes de soutien à l'économie, ce qui représente un quadruplement par rapport à ce qui avait été annoncé en mars pour la publication du budget.

Il justifie ce gonflement des emprunts d'Etat par "la nature temporaire immédiate et sans précédent des soutiens annoncés pour les individus et les entreprises".

La semaine dernière, l'organisme public Office for Budget Responsibility (OBR) chargé des prévisions officielles avait anticipé une possible chute de 13% du produit intérieur brut (PIB) en 2020 en cas de confinement de trois mois suivi de trois mois d'assouplissement progressif.

Le déficit public s'envolerait à 13,9% du PIB pour l'année budgétaire 2020-2021 (qui s'achèvera en mars 2021), un record depuis la Seconde guerre mondiale, selon l'OBR.

afp/al