Londres (awp/afp) - Le PIB britannique a rechuté de 2,6% en novembre après six mois consécutifs de hausse, dans la foulée de restrictions pour lutter contre la deuxième vague de nouveau coronavirus qui ont frappé particulièrement les services.

Un confinement avait notamment été établi en novembre pour l'Angleterre, moins strict toutefois que celui en cours - les écoles étaient en particulier restées ouvertes.

En novembre, le PIB se situait "8,5% sous son niveau de février", avant le plein choc de la pandémie, précise l'Office national des statistiques sur son site internet vendredi.

Le PIB a principalement reculé à cause des services, moteurs de l'économie britannique. Ce sont principalement l'hôtellerie et la restauration qui ont le plus souffert, forcés de fermer leurs portes pour lutter contre la propagation du virus dans une grande partie du pays, tout comme le commerce de gros ou de détail, les institutions artistiques, le secteur du divertissement et des loisirs, les soins à la personne comme les coiffeurs et salons de beauté.

A l'inverse, la construction a continué à enregistrer une croissance de son activité, et la production manufacturière s'est tout juste effritée à cause d'un fort ralentissement d'activité dans l'industrie minière et pétrolière, en proie à une demande qui a chuté dans la foulée de la pandémie.

L'industrie automobile, qui a connu en 2020 une chute historique de 29%, la plus sévère depuis 1943, à cause du confinement du printemps essentiellement, a toutefois vu sa production progresser en novembre grâce à un regain de demande, beaucoup de Britanniques délaissant les transports en commun pour la voiture individuelle, jugée plus sûre à l'ère du Covid-19.

"Il est clair que les choses vont devenir plus difficiles avant de s'améliorer et les chiffres d'aujourd'hui témoignent des défis qui nous attendent", a commenté le Chancelier de l'Echiquier, Rishi Sunak.

"Il y a des raisons d'avoir de l'espoir", a-t-il ajouté, évoquant notamment la campagne de vaccination et le "plan pour l'emploi" gouvernemental.

"Carnage"

Samuel Tombs, du centre de recherche économique Pantheon Macro, a estimé que la chute du PIB en novembre, moins sévère que les analystes ne le prévoyaient, "est une bonne nouvelle pour le confinement actuel", même si ce dernier est plus strict. Les analystes s'attendaient en moyenne à une contraction de 4,6% du PIB.

En revanche, pour Ulas Akincilar, directeur du courtage sur la plateforme en ligne Infinox, remarque que l'"effondrement" dans les services est "de mauvais augure pour le carnage qui a sûrement commencé depuis que le reconfinement strict a été imposé début janvier" en Angleterre.

Pour l'ensemble de l'année 2020, les économistes et le gouvernement tablent sur un recul d'environ 11% du PIB.

Au moins 250'000 PME risquent la faillite au Royaume-Uni cette année sans aides supplémentaires gouvernementales, selon une étude publiée lundi.

L'Etat a déjà injecté près de 300 milliards de livres depuis le début de la pandémie pour soutenir l'économie avec notamment des mesures de financement du chômage partiel jusqu'à avril et des subventions pour les restaurants et commerces qui doivent rester fermés.

Les commerces de centre-ville en Angleterre pourraient perdre plus de 400'000 emplois en raison de la fragilisation d'innombrables magasins confrontés à la pandémie, prévenait par ailleurs une étude publiée jeudi par KPMG.

Le cabinet, qui a passé en revue 109 villes anglaises, souligne que le secteur de la distribution va souffrir durablement de l'essor du travail à la maison et d'achats sur internet au détriment du commerce physique.

Les appels se multiplient donc pour que le gouvernement mette en place plus d'aides, notamment un moratoire sur les taxes commerciales ou une plus ample prise en charge des repas pour les enfants de milieux défavorisés.

Le Royaume-Uni est le pays européen le plus endeuillé par la pandémie avec plus de 80'000 décès.

afp/buc