par Sujata Rao

LONDRES, 16 novembre (Reuters) - Des Bourses mondiales à des plus hauts records pourraient connaître une année 2018 "agitée" alors que la Réserve fédérale américaine "marche sur des oeufs" sur le chemin de la normalisation monétaire, a prévenu directeur des investissements d'Amundi, première société de gestion européenne en termes d'actifs.

Pascal Blanqué, qui supervise la gestion des 1.400 milliards d'euros d'actifs d'Amundi, a dit que des marchés boursiers haussiers dans un environnement de croissance économique synchronisée lui rappelaient les années 90 au cours desquelles le relèvement graduel des taux directeurs de la Fed avait favorisé une hausse prolongée des Bourses qui s'était terminée par l'éclatement de la bulle internet.

"Nous ne serions pas surpris de traverser une correction. L'idée de quelque chose de linéaire qui prolonge ce que nous avons connu est une vision trop optimiste", a-t-il déclaré à l'occasion du Sommet Reuters sur les Perspectives d'investissement 2018.

"Ce sera une année agitée mais vraisemblablement avec des points d'entrée" a-t-il ajouté, soulignant qu'il avait augmenté la part des liquidités dans ses portefeuilles en dépit d'un indice MSCI World en hausse de 17% depuis le début de l'année.

Tout en restant positif sur les actions et les marchés émergents, Pascal Blanqué a dit qu'il "réduisait les risques" en raison de ses craintes sur une certaine complaisance vis-à-vis de problèmes économiques structurels non résolus.

Il s'attend à ce que la Fed relève ses taux directeurs en décembre et à deux reprises l'année prochaine mais il constate que la courbe des taux n'a jamais été aussi plate aux Etats-Unis depuis dix ans en dépit d'indicateurs illustrant l'amélioration de la conjoncture.

"La trajectoire vers ce qu'il est convenu d'appeler la normalisation sera éventuellement stoppée voire inversée si nous constations les effets de transmission sur les marchés financiers ou l'économie", a prévenu Pascal Blanqué.

"Ils marchent sur des oeufs... Ils font face à un risque asymétrique de surestimation du taux d'intérêt neutre. En raison des fragilités sous-jacentes, il faut peu de choses pour briser les oeufs."

Pascal Blanqué a aussi mis en garde contre la contraction de la liquidité sur les marchés obligataires en raison du durcissement de la réglementation après la crise financière de 2008 qui a fortement réduit les activités de tenue de marché.

"Les banques présentent moins de risques mais les risques se sont déplacés ailleurs dans le système. Il ne faut pas le sous-estimer. Cela pourrait être une composante importante de ce qui pourrait être une correction endogène sur le marché obligataire", a-t-il ajouté.

"L'une des inconnues à laquelle nous sommes confrontés est précisément l'interaction entre une correction obligataire et cette composante de liquidité."

Pascal Blanqué est aussi inquiet sur la Grande-Bretagne, estimant que la livre fera les frais des retombées du processus du Brexit en raison de l'ampleur du déficit des comptes courants britanniques. "Sur la durée, une variable doit s'ajuster - les taux d'intérêt, la devise ou la demande interne - donc nous sommes vendeurs sur la livre."

Sur le même thème:

*Fink (BlackRock) ne voit pas de motif d'hystérie sur les marchés

*L'envolée des techs va se propager à d'autres secteurs - Schroders

*JPMorgan AM confiant sur le haut rendement avec la reprise

*Les techs n'en sont qu'aux prémisses d'une bulle-LRAM

*Les Bourses mondiales auront du mal à renouveler les gains de 2017-UBS Wealth Management

(Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)