GAZA (Reuters) - Israël a mené vendredi des frappes aériennes sur trois hôpitaux et une école de la bande de Gaza, tuant au moins 27 personnes, et des affrontements étaient en cours dans un autre hôpital, ont déclaré des responsables palestiniens.

Selon ces derniers, des missiles ont touché la cour du plus grand hôpital de Gaza, Al Chifa, aux premières heures du jour et endommagé l'Hôpital indonésien. Le complexe hospitalier pédiatrique Rantissi aurait également été pris pour cible.

Ces hôpitaux, qui se situent dans le nord de la bande de Gaza où Israël affirme que les militants du Hamas sont concentrés, accueillent un nombre important de personnes déplacées ainsi que des patients et du personnel médical.

Israël accuse le Hamas de se servir des civils comme boucliers humains, ce que le groupe islamiste dément.

Lors d'une visite en Inde, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a déploré le grand nombre de victimes palestiniennes depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre contre Israël. Selon les autorités palestiniennes, 11.078 habitants de la bande de Gaza ont été tués depuis le début du conflit, dont 40% sont des enfants. De son côté, Israël a recensé 1.400 morts, pour la plupart des civils, lors de l'attaque du Hamas.

"Beaucoup trop de Palestiniens ont été tués, beaucoup trop d'entre eux ont souffert ces dernières semaines", a déclaré Antony Blinken. Il s'est félicité de l'instauration de pauses humanitaires de quatre heures par Israël annoncée la veille par la Maison blanche tout en estimant qu'il en faudrait davantage pour protéger les civils.

Les chars israéliens, qui progressent dans le nord de l'enclave depuis près de deux semaines, ont pris position autour du complexe hospitalier Nasser Rantissi et de l'hôpital Al-Qods, d'après le personnel médical.

"Israël lance maintenant une guerre contre les hôpitaux de Gaza", a déclaré à Reuters Mohamed Abou Selmeyah, directeur de l'hôpital Al Chifa, qu'Israël a bombardé à cinq reprises depuis jeudi soir selon le porte-parole du ministère gazaoui de la Santé, Achraf Al Qidra.

"Un Palestinien a été tué et plusieurs ont été blessés lors de cette attaque matinale", a-t-il déclaré à Reuters.

Des vidéos vérifiées par Reuters montrent des scènes de panique et des personnes couvertes de sang.

Mohamed Abou Selmeyah a dit par la suite qu'au moins 25 personnes avaient été tuées dans des frappes israéliennes sur l'école Al Bourak dans la ville de Gaza, où les habitants dont les maisons ont été détruites par les bombardements avaient trouvé refuge.

D'après le Croissant-Rouge palestinien, les forces israéliennes ont tiré sur l'hôpital Al-Qods et de violents affrontements ont eu lieu, faisant un mort et 28 blessés, pour la plupart des enfants.

Israël assure ne pas prendre les civils pour cible et prendre toutes les précautions pour éviter de les toucher. Tsahal affirme que les militants du Hamas ont dissimulé des centres de commandement et des tunnels sous Al Chifa et d'autres hôpitaux.

"L'armée ne tire pas sur les hôpitaux mais si nous voyons des terroristes du Hamas tirer depuis des hôpitaux, nous faisons ce que nous avons à faire", a déclaré lors d'un point de presse vendredi soir le lieutenant-colonel Richard Hecht, porte-parole de l'armée israélienne.

"TIRS NOURRIS"

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que des collègues avaient fait état de "violences intenses" à l'hôpital Al Chifa et de "bombardements importants" sur l'hôpital Rantissi.

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré plus tard que l'hôpital Rantissi était en feu après avoir été directement touché.

Une personne se présentant comme un membre du personnel de l'hôpital pour enfants Nasser a publié un appel sur les réseaux sociaux.

"Nous sommes bloqués à l'intérieur de l'hôpital par des chars et nous sommes exposés à des tirs nourris. Nous n'avons pas d'électricité, pas d'oxygène pour les patients, pas d'eau douce ni de sel. La situation ici est très difficile et dangereuse", indique-t-elle.

Le ministère des Affaires étrangères de l'Indonésie a déclaré que des explosions étaient survenues près de l'hôpital indonésien, dont des parties ont été endommagées.

L'offensive militaire sans précédent menée par Israël contre la bande de Gaza depuis l'attaque du Hamas, le 7 octobre, a tué des milliers de personnes, dévasté des quartiers entiers de l'enclave et mis en difficulté les hôpitaux, alors que fournitures médicales, eau potable et carburant arrivent à épuisement avec le siège total décrété par Israël.

Dix-huit des 35 hôpitaux gazaouis ainsi que 40 centres de santé sont hors service en raison des bombardements ou de la pénurie de carburant, a indiqué le ministère de la Santé de l'enclave palestinienne.

"CIBLES TERRORISTES"

"Avec les bombardements en cours et les combats près (d'Al Chifa), nous sommes profondément inquiets pour le bien-être des milliers de civils sur place, parmi lesquels de nombreux enfants, en quête de soins médicaux et d'un refuge", a déclaré Human Rights Watch via le réseau social X (anciennement Twitter).

Tsahal a déclaré avoir frappé plus de 15.000 "cibles terroristes" dans la bande de Gaza et localisé 6.000 armes depuis le début de la guerre.

La branche armée du Hamas a pour sa part déclaré vendredi qu'elle continuait à tirer des roquettes et des obus sur Israël et à repousser les forces terrestres présentes dans la bande de Gaza.

Des sirènes ont retenti plus tôt dans la journée à Tel-Aviv et dans les environs pour alerter la population des tirs de roquettes du Hamas.

VOIR AUSSI :

REPORTAGE-À Gaza, des patients soignés dans la douleur par manque d'anesthésiques

(Reportage Nidal Al Moughrabi à Gaza, Claudia Tanios, Maytaal Angel, Emily Rose et Maayan Lubell à Jerusalem, Rami Amichay à Tel Aviv, Emma Farge à Genève et les autres bureaux de Reuters, rédigé par Philippa Fletcher; version française Jean Terzian, Augustin Turpin et Blandine Hénault, édité par)

par Nidal al-Mughrabi