PARIS, 15 juin (Reuters) - Les dirigeants européens, à la peine pour maîtriser la crise des dettes souveraines au sein de la zone euro, seront mis sur la sellette lundi et mardi par leurs partenaires du G20 à Los Cabos, au Mexique, pays dont les actifs ont constitué un véhicule de choix pour les gérants à la recherche de diversifications face aux incertitudes européennes.

Le Mexique offre aussi aux dirigeants de la zone euro en mal de compétitivité une leçon à méditer.

Alors que les coûts de la main d'oeuvre dans le secteur manufacturier étaient près de 2,5 fois plus élevés au Mexique qu'en Chine il y a dix ans, l'écart est aujourd'hui inférieur à 20%, sous l'effet de la hausse constante des coûts salariaux en Chine et de la politique de modération salariale au Mexique.

Graphique sur l'évolution de l'écart du coût de la main d'oeuvre manufacturière Mexique-Chine:


Cette évolution a permis au Mexique de bénéficier du mouvement de relocalisation de capacités de production depuis l'Asie vers l'Amérique et de redresser sa balance commerciale et ses comptes courants.

Graphique sur l'évolution de la balance commerciale, des comptes courants et des réserves de changes du Mexique

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L'économie mexicaine profite aussi de son exposition à la croissance américaine plus soutenue que celle de la zone euro.

"Il y a eu des améliorations structurelles extrêmement fortes au Mexique et nous pensions que le peso était un thème d'investissement intéressant dans une logique de diversification", relève Benjamin Melman, directeur du pôle performance absolue chez Edmond de Rothschild Investment Managers.

"Le peso est la devise émergente la plus liquide du monde", ajoute-t-il en précisant que le revers de la médaille est sa sensibilité très forte à l'aversion aux risques de marché.

Les évolutions du peso mexicain sont ainsi très étroitement corrélées à celle des écarts de rendements entre les émetteurs périphériques de la zone euro et l'Allemagne.

Graphique sur le spread moyen à 10 ans de l'Italie et de l'Espagne et le Bund et le peso mexicain contre euro:


"En gestion, dès que nous avons vu une résurgence de la crise européenne, le peso est une des premières positions dont nous somme sortis, pas pour des considérations liées aux fondamentaux mexicains que nous continuons à juger excellents mais simplement parce que c'est une devise extrêmement sensible à l'environnement et à l'aversion au risque", note Benjamin Melman. (Marc Joanny, édité par Jean-Michel Bélot)