Fribourg (awp) - Groupe E est parvenu à maintenir quasiment inchangé son résultat net l'année dernière, en dépit de l'érosion de ses recettes et d'une performance opérationnelle en chute libre. L'exercice 2017 aura été une nouvelle fois fortement conditionné par des facteurs exogènes, notamment les participations que détient l'entreprise dans ses homologues Alpiq et BKW. Pour se prémunir contre ces effets, l'énergéticien fribourgeois poursuit le recentrage de ses activités et son expansion géographique.

Après un sursaut en 2016, Groupe E a vu son chiffre d'affaires se replier de 2,5% à 686 millions de francs suisses, essentiellement en raison de l'érosion des revenus issus du transport de l'électricité, précise l'entreprise vendredi dans un communiqué.

La baisse des tarifs, associée à des dépréciations d'actifs, a amputé de près de moitié (-44,3%) le résultat opérationnel (Ebit) à 59 millions, pour une marge correspondante de 8,6%, contre 15% un an plus tôt.

La production électrique a progressé de 5,8% pour atteindre 1329 gigawattheures (GWh). La part de la production thermique a plus que doublé et représente désormais plus du tiers du total, contre environ un cinquième un an plus tôt.

EXPANSION ET DIVERSIFICATION

L'exercice a également été marqué par le développement "réjouissant" des activités du groupe au-delà de son rayon historique. La division Entretec a créé un nouveau pôle de compétences à Riddes, en Valais, proposant des services d'entretien des installations d'hygiénisation de systèmes de ventilation et de traitement d'eau industrielle.

La société a également fait son entrée dans le marché des systèmes de climatisation, qui sera probablement appelé à se développer prochainement avec l'avènement de la thématique du réchauffement climatique, a fait valoir devant la presse le directeur général (CEO) du groupe, Dominique Gachoud.

La division Connect a renforcé sa présence en Romandie moyennant la construction de quatre nouveaux sites à Matran, Monthey, Mont-sur-Rolle et Boudry, avec à la clé la création de 85 nouveaux postes de travail. Quant à Celsius, elle a complété son parc de production par l'acquisition des chauffages à distance de Bex et de Vuadens, et de nouvelles constructions.

Groupe E fait remarquer que "cette année encore, les participations financières impactent fortement les résultats". La part au résultat des sociétés associées s'est soldée par une perte de 2 millions de francs suisses, en raison de la détérioration de la performance de l'énergéticien valdo-soleurois Alpiq, dont l'entreprise est indirectement actionnaire.

Cet effet est compensé par la revalorisation de la participation de 10% que le Groupe E détient dans le bernois BKW, qui engendre un gain de 66 millions. Au final, l'énergéticien fribourgeois boucle l'exercice sur un bénéfice net stable de 112 millions de francs suisses.

TRÉSORERIE SOLIDE MÊME SANS ALPIQ

Avec une trésorerie revigorée de près d'un quart (+22,6%) à 168 millions, Groupe E est en mesure de financer des investissements "de l'ordre de 100 millions de francs suisses" dans la maintenance de ses infrastructures de production et de distribution d'énergie et le développement ses activités.

Dans son exposé, le directeur financier (CFO) Willy Zeller a insisté sur ce qu'il a qualifié de "performance remarquable", rappelant que les liquidités ont retrouvé leur niveau de 2012. "Mais cette année-là, nous avions perçu 45 millions de dividende de la part d'Alpiq, contre zéro en 2017", a-t-il fait remarquer.

Soulignant une nouvelle fois l'impact des facteurs externes dans les résultats du groupe, M. Zeller a expliqué qu'à périmètre comparable, le recul de l'Ebit est ramené à 13,7%, alors que le résultat net est même ressorti légèrement supérieur (+1,3%), à 80 millions de francs suisses.

BASE DE COÛTS RABOTÉE DE 20 MILLIONS

M. Gachoud s'est également félicité d'être parvenu à réduire la base de coûts de 20 millions de francs suisses grâce au programme d'optimisation lancé en 2014. "Nous avons mutualisé les ressources dans les activités de support et réalisé des économies significatives au niveau de l'informatique".

Interrogé sur l'impact des économies en termes d'emplois, le patron a affirmé que le groupe n'a procédé à aucun licenciement pour motif économique dans le cadre de ce programme.

"Au contraire, à l'échelle du groupe, nos effectifs ont augmenté à environ 2000 personnes", même s'il a reconnu que dans certaines activités traditionnelles, comme la production et la distribution d'énergie, il avait été contraint de "réduire la voilure".

Pour 2018, la direction table sur un chiffre d'affaires avoisinant les 700 millions de francs suisses et sur un résultat net "d'environ 80 millions", en dépit de l'érosion des marges de ses activités historiques, plombées par le bas niveau des prix sur le marché de l'électricité.

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