PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes sont attendues en hausse lundi à l'ouverture mais ne devraient regagner qu'une partie du terrain cédé vendredi après les chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis, qui ont ravivé les craintes d'un resserrement accéléré de la politique monétaire de la Réserve fédérale.

Les contrats à terme sur indices suggèrent une progression de 0,59% pour le CAC 40 à Paris, de 0,72% pour le Dax à Francfort, de 0,5% pour le FTSE 100 à Londres et de 0,74% pour l'EuroStoxx 50.

Les actions européennes avaient cédé du terrain vendredi après le chiffre bien supérieur aux attentes des créations d'emplois aux Etats-Unis en janvier (467.000 alors que le consensus Reuters tablait sur 150.000), auquel s'est ajoutée la révision en forte hausse de ceux des deux mois précédents (+709.000 postes au total), et l'accélération des salaires (+0,7% sur un mois, +5,7% sur un an).

"Le rapport montre non seulement que les créations d'emplois sont plus dynamiques que tout ce qu'on pouvait imaginer mais aussi la vigueur exceptionnelle des salaires, ce qui va nourrir les préoccupations des responsables de la Fed sur les pressions inflationnistes", estime Kevin Cummins, chef économiste Etats-Unis chez NatWest Markets.

Les marchés estiment désormais à un tiers la probabilité d'une hausse de 50 points de base du taux des "fed funds" en mars.

Les investisseurs attendent maintenant les chiffres mensuels des prix à la consommation aux Etats-Unis, jeudi, qui devraient eux aussi alimenter le débat sur l'ampleur et le rythme du resserrement monétaire à venir.

La semaine qui commence sera par ailleurs rythmée, comme la précédente, par les publications de résultats aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. Et les investisseurs continueront de surveiller l'actualité géopolitique avec la poursuite des discussions sur l'Ukraine et l'Otan d'une part et les progrès réels ou supposés des pourparlers sur le nucléaire iranien d'autre part.

A WALL STREET

La Bourse de New York a fini en ordre dispersé vendredi après une séance en dents de scie mais le S&P 500 et le Nasdaq ont repris une partie du terrain abandonné la veille, les bons résultats d'Amazon et Pinterest l'ayant emporté sur les craintes liées aux taux d'intérêt après les chiffres de l'emploi.

L'indice Dow Jones a perdu 0,06%, ou 21,42 points, à 35.089,74 mais le Standard & Poor's 500, plus large, a pris 23,1 points (+0,52%) à 4.500,54 et le Nasdaq Composite a avancé de 219,19 points (+1,58%) à 14.098,01.

Amazon a bondi de 13,54% après avoir fait état de résultats solides, emmenant dans son sillage une bonne partie du compartiment technologique.

Pinterest a gagné 11,18% après avoir lui aussi battu les prévisions des analystes. Twitter, qui fera part de ses résultats mardi, a quant à lui pris 7,13%.

Sur l'ensemble de la semaine, le Dow Jones a progressé de 1%, le S&P 500 s'est adjugé 1,6% et le Nasdaq a pris 2,4%.

Les contrats à terme sur indices suggèrent pour l'instant une ouverture quasi stable.

EN ASIE

À la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a perdu 0,7% lundi, plombée par les résultats jugés décevants de plusieurs grands groupes industriels, comme Olympus (-12,22%) ou le fabricant de composants électroniques Taiyo Yuden (-9,11%).

En Chine, la tendance était à la hausse pour la séance de réouverture des marchés après la semaine chômée du nouvel an lunaire, pendant laquelle les indices américains et européens ont progressé: le SSE Composite de Shanghai a pris 2,03% et le CSI 300 1,54%.

Les valeurs de la construction (+6,22%) et des infrastructures (+4,59%) ont bénéficié des déclarations des autorités sur l'accélération de l'investissement public dans ces deux secteurs.

CHANGES/TAUX

Le dollar est en légère hausse face à un panier de devises de référence (+0,04%), confirmant le rebond entamé vendredi en réaction aux chiffres de l'emploi américain après quatre séances de baisse marquée.

Mais le fait marquant sur le marché des devises reste le rebond de l'euro: à 1,1429 dollar, la monnaie unique européenne est proche du plus haut de trois semaines touché vendredi à 1,1483, au lendemain du changement de discours de la Banque centrale européenne (BCE) sur la possibilité d'une hausse de taux cette année.

Ce débat a été alimenté dimanche par Klaas Knot, le gouverneur de la banque centrale des Pays-Bas, qui a déclaré s'attendre à ce que la BCE commence à relever ses taux au quatrième trimestre.

Sur le marché obligataire, le rendement des bons du Trésor à dix ans, à 1,8978%, conserve l'essentiel de sa hausse de vendredi, qui l'a porté à plus de 1,93% en séance, au plus haut depuis décembre 2019.

En Europe, le dix ans allemand recule dans les premiers échanges à 0,186% après avoir atteint vendredi un pic de trois ans à 0,229%.

PÉTROLE

Le marché pétrolier reste proche de ses plus hauts de plus de sept ans mais semble tiraillé entre les craintes liées aux tensions autour de l'Ukraine et les signes de progrès dans les discussions sur l'Iran.

Le Brent gagne 0,05% à 93,32 dollars le baril après avoir atteint 94 dollars, au plus haut depuis octobre 2014, mais le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 0,42% à 91,92 dollars après un pic à 92,73.

(Édité par Blandine Hénault)

par Marc Angrand