* Hollande mise sur le couple franco-allemand pour animer 2014

* Il propose trois initiatives franco-allemandes

* Il espère ainsi préparer l'après-élections européennes (Avec informations complémentaires, contexte)

PARIS, 14 janvier (Reuters) - François Hollande a proposé mardi d'oeuvrer de concert avec l'Allemagne pour une convergence économique et fiscale et prôné la création d'une grande entreprise franco-allemande pour l'énergie sur le modèle d'Airbus et d'EADS.

Lors de la troisième grande conférence de presse de son quinquennat, le président français a annoncé trois initiatives franco-allemandes pour tenter de relancer l'Europe, en cette année d'élections européennes délicates et de renouvellement des instances dirigeantes de l'Union.

La première sera "une initiative pour une convergence économique et sociale entre la France et l'Allemagne" - une idée déjà ancienne mais qui a butté jusqu'ici sur les différences de modèle et de santé économique de part et d'autre du Rhin.

François Hollande a estimé que, de ce point de vue, la décision du gouvernement d'Angela Merkel d'instaurer, dans le cadre de la grande coalition CSU-SPD, un salaire minimum, était un "premier pas".

"Mais nous devons aussi(...) harmoniser les règles fiscales, notamment pour les entreprises, entre la France et l'Allemagne", a-t-il ajouté.

Il a souligné que c'était notamment le sens du "pacte de responsabilité" qu'il propose de conclure au premier semestre et qui comportera notamment une réforme de la fiscalité des sociétés. (voir )

La deuxième initiative, a poursuivi François Hollande, consistera pour les gouvernements français et allemand à coordonner leur action en matière de transition énergétique - domaine où l'Allemagne a pris de l'avance, en particulier dans le développement des énergies renouvelables.

"C'est un grand enjeu pour l'Europe mais nous devons, France et Allemagne, montrer l'exemple", a-t-il fait valoir.

Il a notamment cité, outre le développement des énergies renouvelables, le stockage, les réseaux et la constitution de filières industrielles communes.

"L'idée est de faire une grande entreprise franco-allemande pour la transition énergétique, une belle alliance", a-t-il dit.

"DYNAMIQUE FRANCO-ALLEMANDE"

Enfin, il a souhaité un couple franco-allemand capable d'"agir pour l'Europe de la Défense" - ce qui est jusqu'ici un de ses grands points faibles, la coopération militaire entre les deux pays se limitant pour l'essentiel à une brigade franco-allemande dont l'utilité reste à démontrer.

"Nous devons faire davantage que simplement une brigade. Nous devons montrer une responsabilité commune pour la paix et la sécurité dans le monde", a dit François Hollande.

Ces initiatives seront à l'ordre du jour du prochain conseil des ministres franco-allemand, le 19 février à Paris.

"Nous allons poser un principe, la chancelière et moi-même : que nos deux gouvernements se coordonnent en amont sur tous les grands projets", a dit le président. "Cette dynamique franco-allemande nous permettra (...) de relancer l'idée européenne au lendemain des élections au Parlement européen."

Après une année 2013 riche en décisions communautaires, notamment avec les accords sur l'union bancaire, 2014 s'annonce comme une année creuse, du fait de la coupure électorale.

La session parlementaire prendra fin à la mi-avril, cinq semaines avant les élections du 25 mai. Il n'y aura une nouvelle Commission européenne qu'à l'automne, après les marchandages qui ne manqueront pas d'accompagner sa constitution.

Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy est lui aussi en fin de mandat et la présidence tournante de l'UE sera assumée par deux pays affaiblis, à des titres divers - la Grèce au premier semestres et l'Italie au second.

Les analystes prévoient une forte poussée des populistes et des eurosceptiques lors des élections européennes.

Le Premier ministre britannique, David Cameron, continuera vraisemblablement, pour sa part, à faire campagne contre une Union politique qu'il juge trop contraignante et qu'il voudrait ramener autant que possible à sa dimension de marché unique.

François Hollande y a fait clairement allusion :

"Je ne laisserai pas faire au cours des prochains mois ceux qui veulent en terminer avec l'idée européenne, pas seulement en France, il y a en a d'autres, parfois même au gouvernement." (Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)