* La Grèce dit sa reconnaissance pour le rôle de la France

* L'accueil réservé à Hollande contraste avec celui de Merkel

* Le président français appelle ses entreprises à investir (Actualisé avec citations)

par Jean-Baptiste Vey

ATHENES, 19 février (Reuters) - François Hollande a reçu mardi un accueil chaleureux à Athènes, où le Premier ministre Antonis Samaras a salué le soutien de la France à son pays, de l'indépendance de la Grèce au maintien dans la zone euro, en passant par son entrée dans l'UE.

L'ambiance de la visite du président français tranche avec celle de la chancelière allemande, Angela Merkel, en novembre, quand les forces de sécurité grecques avait dû contenir des manifestations hostiles à l'intransigeance allemande.

"Aucun peuple en Europe n'a subi une telle épreuve", a dit François Hollande lors d'une conférence de presse avec Antonis Samaras. La Grèce est entrée dans sa sixième année consécutive de récession et le taux de chômage y atteint désormais 27%.

Antonis Samaras a fait appel à l'Histoire pour faire le lien entre l'actualité de la crise et l'avenir de l'Europe.

"Aujourd'hui, le peuple grec souffre, rencontre des épreuves dues à un difficile programme de changement structurel et d'ajustement budgétaire. Mais, une fois de plus, la France se bat à nos côtés pour plus de solidarité au sein de l'Europe", a-t-il dit en rappelant que c'est grâce aux pressions françaises que son pays avait adhéré à l'Union européenne en 1981.

"C'est l'avenir de l'Europe tout entière qui est en jeu, la France constitue toujours le centre politique de l'Europe", a-t-il ajouté. Ce soutien intervient à un moment où la France peine à faire entendre sa voix en faveur d'un meilleur équilibre en Europe entre redressement budgétaire et croissance.

ATHÈNES N'A PAS À CHOISIR ENTRE PARIS ET BERLIN

François Hollande a dit le soutien de la France à la Grèce, manifesté par le refus d'envisager toute possibilité de sortie de la zone euro, Paris craignant que les doutes sur l'intégrité de la zone monétaire provoquent une spéculation en cascade sur ses membres les plus fragiles.

Il a appelé à une mobilisation des fonds structurels européens en faveur de la Grèce.

"La Grèce doit etre soutenue par l'Europe tout entière et notamment par une mobilisation plus rapide encore qu'il n'est prévu aujourd'hui des fonds structurels et du pacte de croissance qui a été établi au mois de juin à mon initiative par le Conseil européen", a-t-il ajouté.

Le président a invité les entreprises françaises à participer au mouvement de privatisation en Grèce, dans l'énergie, l'eau et les transports, notamment ferroviaires.

"Les entreprises françaises seront prêtes à répondre aux appels d'offre", a-t-il dit.

Il a ajouté que les autorités grecques avaient sollicité l'aide de la Caisse des dépôts française pour contribuer à des financements en Grèce, une demande qui sera examinée avec les dirigeants de la Caisse.

La France aide parallèlement le pays à moderniser son administration, et à créer un cadastre, un objectif ancien des autorités européennes qui n'est jamais devenu réalité malgré les importants fonds versés à la Grèce pour y parvenir.

"Je ne suis pas venu pour vendre du matériel", a assuré François Hollande, mais pour dire la confiance de la France dans la Grèce. "C'est la confiance qui permettra de restaurer la croissance", a-t-il dit.

"La confiance est maintenant rétablie dans la zone euro, et les efforts des Grecs n'auront pas été inutiles à l'ensemble des Européens", a-t-il souligné, en invitant désormais au retour de la confiance des investisseurs et des consommateurs.

Prié de dire si l'entente affichée avec François Hollande contrebalançait le rapport difficile avec Angela Merkel, Antonis Samaras a déclaré : "L'Europe, ça ne veut pas dire choisir. L'Europe, ça veut dire unir, l'Europe ça veut dire composer, faire une synthèse."

"Ces relations ne sont pas du tout en concurrence", a-t-il ajouté. "Les rapports étroits entre la Grèce et l'Allemagne sont complémentaires avec nos relations avec la France." (Edité par Yves Clarisse)