* Nouveaux raids de l'aviation américaine

* Le barrage toujours aux mains des djihadistes, selon un employé

* Les Kurdes prêts à négocier avec Al Abadi (Actualisé avec déclaration Pentagone §9)

par Ahmed Rasheed et Michael Georgy

BAGDAD, 18 août (Reuters) - Les forces kurdes du nord de l'Irak ont annoncé avoir repris le barrage de Mossoul à l'Etat islamique avec l'appui de l'armée américaine, qui a annoncé avoir effectué de nouveaux raids aériens dans le secteur, mais un employé du site assure que les djihadistes le contrôlent toujours.

Sur le plan politique, Hochiar Zébari, ministre des Affaires étrangères sortant et membre de la communauté kurde, a annoncé que des responsables de la région autonome allaient participer aux négociations avec le nouveau Premier ministre visant à former un gouvernement d'union à même de repousser les djihadistes.

Les responsables irakiens ont salué ce qu'ils considèrent comme une victoire stratégique et annoncé que le prochain objectif était de reprendre la ville de Mossoul, la plus importante cité du nord de l'Irak, située à 40 km en aval de l'installation hydroélectrique.

"Reprendre le barrage a pris plus de temps que prévu car l'État islamique avait posé des mines antipersonel", a déclaré Hochiar Zébari à Reuters, précisant que les forces kurdes avaient bénéficié d'un appui aérien américain.

Le Pentagone a dit avoir mené de nouveaux raids contre les positions de l'Etat islamique près du barrage de Mossoul, à l'aide de chasseurs, de bombardiers et de drones qui ont permis de détruire ou d'endommager six véhicules armés, un blindé léger, une batterie anti-aérienne mobile et des explosifs.

"La nouvelle tactique consistant à lancer des attaques rapides tenues secrètes s'est avérée efficace et nous sommes décidés à continuer à la mettre en oeuvre avec l'aide des renseignements fournis par les Américains. La prochaine étape est Mossoul", a annoncé pour sa part Sabah Nouri, porte-parole de l'unité antiterroriste irakienne.

Un employé travaillant sur le barrage a cependant contesté la version des responsables irakiens.

"Les combattants de l'Etat islamique contrôlent toujours l'installation et la plupart d'entre eux s'abritent dans les zones sensibles (du barrage) pour échapper aux frappes aériennes", a-t-il confié à Reuters.

Le colonel Steve Warren, porte-parole du Pentagone, a déclaré que les opérations se "poursuivaient" autour du barrage et qu'il n'était pas en mesure pour l'instant de dire si l'édifice avait été repris pas les forces irakiennes.

LES KURDES PRÊTS À DISCUTER DU NOUVEAU GOUVERNEMENT

Avec la prise du barrage hydroélectrique de Mossoul, les djihadistes avaient infligé un revers sans précédent aux autorités irakiennes.

Ils peuvent ainsi contrôler l'alimentation en eau et électricité de la région ou encore faire exploser la structure peu solide.

Les 12 milliards de mètres cubes retenus par le barrage pourraient inonder deux villes et tuer des dizaines de milliers de personnes, selon un rapport d'ingénieurs américains rédigé en 2007 et rendu public par le Washington Post.

Côté politique, Hochiar Zébari a annoncé que des responsables kurdes allaient participer aux négociations sur la formation d'un gouvernement d'union avec le Premier ministre désigné Haïdar al Abadi.

Les relations entre les autorités autonomes du Kurdistan et le chef du gouvernement sortant, le chiite Nouri al Maliki, étaient exécrables, au point que les dirigeants kurdes avaient annoncé leur retrait du gouvernement et envisagé l'organisation d'un référendum d'autodétermination.

La décision des Kurdes de participer ou non au nouveau gouvernement irakien sera prise ultérieurement, a précisé Hochiar Zébari.

Vendredi, des dirigeants sunnites, qui s'étaient également soulevés contre le premier ministre chiite sortant, se sont dits prêts à coopérer sous conditions avec Haïdar al Abadi.

Côté occidental, Londres, qui a jusqu'à présent contribué à la mobilisation de la communauté internationale en réponse à l'offensive djihadiste, a toutefois souligné lundi que la Grande-Bretagne n'avait pas l'intention d'envoyer des troupes au sol.

"La Grande-Bretagne ne va pas se laisser entraîner dans une nouvelle guerre en Irak. Nous n'allons pas envoyer de troupes au sol. Nous n'allons pas déployer l'armée britannique", a insisté le Premier ministre David Cameron. (Sarah Young à London; Agathe Machecourt et Jean-Philippe Lefief pour le service français)