(Actualisé avec nouvelles citations)

NATIONS UNIES, 5 janvier (Reuters) - Les manifestations dont l'Iran est le théâtre depuis une semaine relèvent de ses affaires intérieures, ont estimé vendredi plusieurs Etats-membres du Conseil de sécurité de l'Onu, lors d'une réunion extraordinaire sur le sujet organisée à la demande des Etats-Unis.

La vague de contestation ne menace pas la paix ni la sécurité internationales, a quant à lui estimé François Delattre, ambassadeur de France à l'Onu, laissant entendre qu'il n'y avait pas lieu d'organiser une telle réunion.

"Il appartient aux Iraniens et à eux seuls d'engager un dialogue pacifique qui doit reposer sur le respect des droits et des libertés fondamentales du peuple iranien. Aussi préoccupantes soient-elles, les évolutions de ces derniers jours ne constituent pas une menace pour la paix et la sécurité internationales", a-t-il déclaré.

"Nous devons y réagir de manière appropriée, c’est-à-dire avec toute la vigilance requise par les risques de violences contre les manifestants pacifiques, mais en nous gardant de toute instrumentalisation de cette crise, qui ne ferait que renforcer les extrêmes et auraient ainsi l’effet inverse de celui recherché", a-t-il poursuivi.

Le mouvement de contestation qui a débuté il y a huit jours lorsque le gouvernement a annoncé son intention d'augmenter les prix du carburant et de réduire des aides aux plus démunis, s'est étendu à 80 villes. Le bilan de la répression s'élève à 22 morts et à un millier d'arrestations.

"NOUS NE NOUS TAIRONS PAS"

Nikki Haley, représentante permanente des Etats-Unis à l'Onu, a averti les autorités iraniennes qu'elles étaient sous surveillance.

"Le mépris du régime iranien pour les droits de son peuple est largement documenté depuis de nombreuses années", a-t-elle souligné, assurant que les Etats-Unis resteraient du côté des Iraniens "qui cherchent la liberté pour eux-mêmes, la prospérité pour leur famille et la dignité pour leur nation".

"Nous ne nous tairons pas. Les efforts malhonnêtes déployés pour faire passer les manifestants pour des 'marionnettes des puissances étrangères' n'y changeront rien", a ajouté la diplomate.

Selon son homologue iranien Gholamali Khoshroo, Téhéran dispose de "preuves tangibles" qui montrent "très clairement" que les manifestations étaient dirigées de l'étranger.

"Il est regrettable qu'en dépit de la résistance de certains de ses membres, ce Conseil se soit laissé abuser par l'administration américaine actuelle pour tenir une réunion sur une question qui sort du cadre de son mandat", a-t-il jugé.

Discuter de la situation intérieure en Iran au Conseil de sécurité "n'aide pas à (la) résoudre", a également estimé Wu Haitao, ambassadeur adjoint de Chine.

Pour le représentant permanent russe Vassili Nebenzia, la réunion avait pour but de nuire à l'accord sur le programme nucléaire iranien conclu en juillet 2015, auquel l'administration américaine est hostile. (Rodrigo Campos; Pierre Sérisier et Jean-Philippe Lefiefpour le service français)