* Le numéro deux du PDL s'oppose à Berlusconi

* Il demande aux parlementaires de soutenir la coalition

* Cette initiative pourrait sauver le gouvernement Letta

* La Bourse de Milan réagit favorablement (Actualisé avec estimation des sénateurs PDL prêts à soutenir le gouvernement, précision)

par Giselda Vagnoni

ROME, 1er octobre (Reuters) - Le Peuple de la liberté (PDL), parti de Silvio Berlusconi, apparaissait mardi plus divisé que jamais sur le soutien au gouvernement de grande coalition d'Enrico Letta, à la veille d'un probable vote de confiance au Parlement.

Le "Cavaliere", menacé de perdre son siège de sénateur à la suite de sa condamnation pour fraude fiscale début août, souhaite avec les "faucons" du PDL provoquer la chute du gouvernement formé fin avril avec le Parti démocrate.

Mais son numéro deux, Angelino Alfano, secrétaire du parti, a appelé mardi tous les parlementaires du PDL à voter la confiance au président du Conseil issu du centre gauche.

"Je reste fermement convaincu que tout notre parti doit voter demain la confiance à Letta", a déclaré l'ancien ministre de l'Intérieur.

Le ministre PDL des Transports Maurizio Lupi, également démissionnaire samedi sur ordre de Berlusconi, s'est lui aussi dit "convaincu" qu'il fallait soutenir le gouvernement actuel.

Mardi soir, Enrico Letta a annoncé qu'il refusait la démission des cinq ministres PDL.

Selon le sénateur Carlo Giovanardi, un modéré du PDL, la plupart des parlementaires du parti ne suivent pas la ligne dure imposée par Berlusconi et sont favorables au maintien du gouvernement Letta en cette période cruciale de débats budgétaires.

Une vingtaine de sénateurs du PDL n'ont pas exclu lundi de former un groupe dissident si Berlusconi persistait dans sa volonté de faire tomber le gouvernement.

Berlusconi a semblé confirmé une scission imminente ; il a décidé, à l'issue d'une réunion avec ses conseillers, qu'il demanderait à ses élus de retirer leur soutien à Letta mercredi, a déclaré Alessandro Sallusti, rédacteur en chef du journal du PDL, à la RAI, la télévision publique.

BERLUSCONI ATTAQUE LETTA ET NAPOLITANO

Après l'annonce samedi du départ des cinq ministres de centre droit, officiellement en raison de la hausse d'un point de la TVA, Enrico Letta s'est dit prêt à remettre son sort entre les mains du Parlement. Il a été reçu mardi par le président Giorgio Napolitano qui a souhaité qu'il poursuive sa tâche avec l'appui des parlementaires.

Le président du Conseil prendra la parole mercredi au Parlement mais ne se décidera sur la marche à suivre qu'en fonction de l'attitude des modérés du PDL, dit-on de source politique.

S'il pense que les "colombes" en désaccord avec Berlusconi lui apporteront en nombre leur soutien et qu'il peut être assuré du succès au Sénat, il demandera un vote de confiance. Si ce n'est pas le cas, il se rendra au palais du Quirinal pour remettre sa démission au président Napolitano.

Enrico Letta n'a pas d'inquiétudes à avoir à la Chambre des députés, où son parti est nettement majoritaire, mais le PD n'est que la deuxième formation au Sénat.

Pour être sûr de gagner, Letta, qui peut compter sur 138 voix du PD et des partis centristes, aurait aussi besoin d'au moins 20 voix supplémentaires pour obtenir la majorité au Sénat qui compte 315 sièges.

Une trentaine de sénateurs PDL souhaitent continuer à soutenir le chef du gouvernement, dit-on au PDL.

Quant au président Napolitano, qui peut provoquer des élections anticipées, il souhaite éviter un retour aux urnes qui, en l'absence de réforme du système électoral, risquerait d'accoucher à nouveau d'un Parlement sans majorité.

Dans une lettre à l'hebdomadaire Tempi rendue publique mardi, Silvio Berlusconi s'en prend vivement au chef de l'Etat et au président du Conseil.

"Enrico Letta et Giorgio Napolitano auraient dû se rendre compte qu'en ne défendant pas les droits politiques du chef du centre droit, ils détruisaient un élément essentiel de leur crédibilité", écrit-il. "Comment faire confiance à des gens qui (...) laissent le principal partenaire du gouvernement être assassiné politiquement par des moyens judiciaires ?"

Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a dit espérer que l'Italie retrouve la stabilité politique aussi vite que possible. (voir )

La Bourse de Milan, qui avait été attaquée lundi comme les obligations souveraines italiennes, est apparue en tête mardi des rebonds en Europe avec un gain de 3,11%. (Avec Gavin Jones, James Mackenzie et Eleanor Biles, Bertrand Boucey, Guy Kerivel et Danielle Rouquié pour le service français)