Parmi les facteurs qui devraient inciter les investisseurs à la prudence dans leur allocation d'actifs à court terme, le dollar, qui s'est apprécié de près de 25% depuis mi-2014, est un élément-clé. C'est en tout cas la conviction de Benjamin Mandel, stratégiste Multi-asset solutions chez JPMorgan AM qui explique son positionnement : "Tant qu'elle tempère la croissance des bénéfices aux Etats-Unis et fait office de paratonnerre pour le sentiment de risque, la vigueur du dollar est indissociable de notre positionnement prudent à court terme".

Avant d'ajouter : "Si le dollar plafonne en 2016, nous pourrions considérer cela comme une validation de notre opinion plus positive à moyen terme sur les actifs risqués."

Pour Benjamin Mandel, la stabilisation de la devise américaine pourrait advenir dans le courant de l'année. Le catalyseur en serait l'intégration complète dans les cours des actifs de la divergence des politiques monétaires. Même si les stratégies de JPMorgan anticipent 3 ou 4 relèvements de taux par la Fed cette année - ce qui conforterait la vigueur du dollar - leur scénario préféré est celui d'une "vigueur cyclique au sein de la zone euro (et éventuellement au Japon)" qui "amène le dollar à s'affaiblir ou à se stabiliser, le taux de change intégrant la convergence de croissance économique."

Benjamin Mandel est d'autant moins inquiet de l'impact du dollar fort sur les actifs qu'il démontre la faible corrélation entre appréciation de la devise de référence et ralentissement mondial.

"Nos études approfondies de la synchronisation des cycles économiques montrent que la divergence économique au sein des économies développées est une situation normale en dehors des périodes de récession, ce qui confirme à première vue le fait que les devises (et les autres différences de conditions financières) sont des facteurs relativement faibles de convergence", écrit le stratégiste Multi-asset solutions dans la dernière analyse de JPMorgan AM.

Certes, les bénéfices des sociétés américaines vont continuer à se retrouver sous pression mais cette évolution n'entraine pas forcément une augmentation du risque de récession. Les deux principales courroies de transmission de la devise forte aux bénéfices des sociétés sont "la compétitivité des exportations et la valorisation des bénéfices réalisés en devises étrangères."

"Les marchés en ont pris note. D'après une étude de la Fed, le rendement des actions des entreprises à forte exposition étrangère (hors secteur de l'énergie) a chuté d'environ 20 % en moyenne entre fin 2014 et la première moitié de 2015 alors que le dollar montait en flèche. D'après le modèle de la Fed, une appréciation de 10 % du dollar pondéré en fonction des échanges correspond à une baisse de 4 % du bénéfice des filiales étrangères des entreprises américaines. Ce modèle indique qu'un tiers de la chute des bénéfices des filiales étrangères sur la période s'explique par la hausse du dollar", explique Benjamin Mandel, stratégiste Multi-asset solutions chez JPMorgan AM.