Tokyo (awp/afp) - Le Japon a enregistré en 2017 un rebond des prix à la consommation, mais l'inflation reste timide et a stagné en décembre en deçà de la barre des 1%, loin de l'objectif de la banque centrale (BoJ).

Sur l'ensemble de l'année dernière, les prix ont augmenté de 0,5% (hors produits périssables), selon des données officielles publiées vendredi par le gouvernement, notable amélioration par rapport à 2016 qui avait marqué leur premier recul en quatre ans (-0,3%).

L'inflation s'est affermie au fil des mois, atteignant 0,9% en novembre sur un an et autant en décembre.

Toutefois, en excluant les prix de l'énergie qui ont grimpé sur la période, elle est ressortie à seulement 0,3% en décembre et à 0,1% pour l'année, signe que la demande n'est pas suffisamment dynamique pour pousser les prix vers le haut malgré une récente embellie économique.

Et 2018 ne devrait pas la voir décoller, de l'avis de nombreux économistes.

"Avec une croissance des salaires qui demeure médiocre et le vent favorable des prix de l'énergie qui va s'estomper, l'inflation ne s'accélérera pas davantage", ont estimé les analystes de Capital Economics dans une note.

"L'inflation n'ira pas plus haut que 0,9%, nous prévoyons des augmentations plus modérées à partir de janvier", a abondé Mizuho Securities.

- 'Bataille de longue haleine' -

Dans un rapport publié mardi, la Banque du Japon (BoJ) avait noté des progrès, tout en jugeant la hausse des prix trop faible pour envisager de durcir sa politique monétaire ultra-accommodante.

"Etant donné que nous sommes encore loin de notre objectif d'inflation de 2%, nous ne sommes pas en mesure de discuter d'un calendrier de sortie de notre politique", avait ainsi déclaré son gouverneur Haruhiko Kuroda.

Arrivé à la tête de l'institution au printemps 2013, dans le sillage du Premier ministre conservateur Shinzo Abe, M. Kuroda espérait initialement atteindre sa cible dans les deux ans, mais il a été contraint de revoir ses ambitions à plusieurs reprises. Désormais la BoJ ne pense pas parvenir à ses fins avant 2019/2020.

La Banque du Japon, qui abreuve l'économie de liquidités dans l'espoir de vaincre la déflation qui mine depuis des années la troisième économie mondiale, "va vraisemblablement maintenir en l'état ses mesures tant que l'inflation ne bouge pas beaucoup", a jugé Masaki Kuwahara, économiste de Nomura Securities, cité par l'agence Bloomberg News. "Ils savent que ce sera une bataille de longue haleine".

Au coeur du problème, les salaires. Malgré des profits historiquement élevés, la Japan Inc rechigne à consentir d'importantes hausses des rémunérations, et les syndicats dans l'archipel sont peu revendicatifs.

Shinzo Abe a récemment appelé les grandes entreprises à augmenter la rétribution de base d'au moins 3%, condition sine qua non, aux yeux du gouvernement, pour terrasser définitivement la déflation.

Mais les analystes sont sceptiques. "Je ne crois pas que les négociations du printemps (entre syndicats et employeurs) aboutiront à des avancées majeures", a commenté pour Bloomberg Yasutoshi Nagai, de Daiwa Securities.

Le Japon pourrait ainsi avoir du mal à prolonger sa période actuelle de croissance (sept trimestres consécutifs), la plus longue depuis 1999-2001.

afp/al