Intervenant lors d'un colloque, Jean-Pierre Jouyet, le président de l'AMF, a dit vouloir lutter contre la spéculation et souhaite un meilleur encadrement du marché des CDS (credit default swap), des instruments financiers qui permettent de se couvrir contre les risques de défaut sur la dette.

"Nous affrontons une grave crise de dette et de finances publiques qui entraîne une défiance jusqu'ici méconnue sur les titres souverains européens (...) L'état d'urgence s'impose", a déclaré Jean-Pierre Jouyet.

"Pour endiguer la tendance qui se fait jour, des initiatives franco-allemandes sont plus que jamais nécessaires pour proposer un plan de gouvernance de la zone euro", a jouté le patron de l'AMF.

Pour ce faire, Jean-Pierre Jouyet propose de modifier "en profondeur les règles de fonctionnement des CDS qui servent davantage à spéculer qu'à se couvrir" et d'"adopter des mesures comparables pour lutter contre les ventes à découvert sur tous les titres".

Il souhaite que le fonctionnement du marché des CDS permette de distinguer les opérations relevant de l'assurance et de la couverture contre les risques d'une part et les transactions purement spéculatives de l'autre.

"A défaut, une fermeture temporaire sur les CDS nus souverains s'imposera dès lors que le régulateur en aura les moyens", a souligné Jean-Pierre Jouyet.

Mercredi dernier, l'AMF avait dit regretter le manque de coordination européenne au lendemain de la décision de l'Allemagne d'interdire outre-Rhin les ventes à découvert sur les emprunts d'Etat de la zone euro, une mesure jugée inefficace et préjudiciable à l'euro.

Dans une interview à Reuters, Jean-Pierre Jouyet avait indiqué la France ne prendrait pas de mesures similaires, estimant qu'aucun problème sur la dette souveraine française ne justifiait une telle décision.

Julien Ponthus, édité par Pascale Denis