MELBOURNE, 18 janvier (Reuters) - Les autorités du tennis mondial ont démenti lundi avoir fermé les yeux sur des matches truqués au plus haut niveau, y compris à Wimbledon, comme l'en accusent la BBC et le site web BuzzFeed News sur la base de documents confidentiels.

Interrogé à Melbourne, où débutait lundi l'Open d'Australie, le président de l'ATP Tour, Chris Kermode, a déclaré que ces informations concernant d'éventuels faits de corruption étaient minutieusement examinées par le Tennis Integrity Unit (TIU), une organisation mise en place par les diverses instances dirigeantes du tennis professionnel pour veiller à l'honnêteté des rencontres.

Selon la BBC et BuzzFeed News, au cours des dix dernières années, seize joueurs placés dans le top 50 ont été repérés par le TIU, qui les soupçonne d'avoir laissé filer leurs rencontres. Mais tous les joueurs, y compris des vainqueurs de titres du Grand Chelem, ont pu continuer de jouer en tournoi sans être inquiétés et huit d'entre eux sont alignés à l'open d'Australie 2016, ajoutent les deux médias.

La BBC et BuzzFeed News refusent de donner leurs noms, étant dans l'impossibilité de vérifier s'ils ont pris part à ces matches arrangés.

Les deux organes d'information disent avoir obtenu des documents comprenant notamment les conclusions d'une enquête ouverte en 2007 par l'ATP.

Selon cette enquête, des mafias en Russie, en Italie du Nord et en Sicile ont gagné des centaines de milliers de livres en pariant sur des matches soupçonnés par les enquêteurs d'avoir été arrangés. Trois de ces rencontres ont eu lieu à Wimbledon.

Dans un rapport confidentiel aux autorités de tennis en 2008, les enquêteurs indiquent que 28 joueurs sont impliqués dans ces matches suspects et devraient faire l'objet d'investigations, mais leurs conclusions n'ont pas été suivies d'effets.

Les autorités du tennis mondial (ATP, ITF, WTA...) ont mis en place un nouveau code anticorruption en 2009, mais des juristes leur ont dit qu'elles ne pourraient pas engager de poursuites pour des faits survenus antérieurement.

Après 2009, plusieurs alertes ont été envoyées par le TIU concernant un tiers des joueurs déjà suspectés, mais aucun d'entre eux n'a été sanctionné, ajoutent la BBC et BuzzFeed. (Greg Stutchbury, Martyn Herman; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)